Depuis quelques semaines, le spectacle est permanent à l’Assemblée Nationale puis au Sénat. Le jeu en vaut la chandelle, le n^ième bidouillage autour des retraites le valant bien ! Nous pouvons observer les différentes postures adoptées par nos représentants (élus malgré combien d’abstention ?), leurs gesticulations et leurs discours et commentaires.
Impossible de ne pas se sentir spectateurs d’un vaste théâtre où chaque acteur tente de prendre plus de lumière que ses comparses, de parler plus fort, de dire plus d’énormités. Comment extraire du fond d’un tel embrouillamini qui se limite à une brillante exposition des convictions de chacun des courants politiques sans jamais expliquer ce qui les a menés à de telles conclusions ? Pour finir en 49-3…
Je ne m’étonne pas trop d’un tel cirque. La vie en société nous impose naturellement de nous mettre en scène pour exister aux yeux des autres. De mille et une façons.
Notre valeur personnelle ne suffit plus, il faut la vendre, comme des camelots. Nous sommes en représentation permanente, rien de nouveau sous le soleil. Nous le savons tellement que nous sommes rompus à interpréter les signes que nous envoient nos semblables afin de discerner leur vérité et ainsi modérer nos propres signaux. La socialisation est en marche à ce prix !
Par contre, nous sommes beaucoup moins regardant dans nos relations à plus grande échelle avec la société où nous évoluons et surtout avec l’idéologie qui la sous-tend et l’oriente.
Il nous manque souvent l’idée de faire un grand zoom arrière pour voir les choses d’un peu plus loin. Là, tout s’éclaire. Le système aussi se met en scène, sans freins, dans l’excès, à gros bouillon, au point que, submergés par une telle propagande, nous sommes emportés par ce courant là où il le faut pour adhérer sans arrière-pensées aux mots d’ordre comportementaux afin de rejoindre le grand troupeau rassurant patiemment construit de cette manière sournoise.
Nous sommes puissamment incités à entrer dans les moules proposés, travail, famille, de la production à la consommation, la Patrie, idée qui ne rapporte rien, étant reléguée aux oubliettes de l’histoire. Nous produisons de l’inutile à tour de bras, que nous achetons sans besoin pour le seul profit du mouvement des richesses et du drainage de la plus-value née de notre travail, dans les filets des gros malins dont le dividende est la seule divinité.
Alors que ce système de confiscation de richesse s’emballe, la comédie vire à la tragédie par le nombre croissant des laissés pour compte, les plus pauvres étant à présent rejoints par des gens qui se croyaient benoitement tirés d’affaire parce qu’ils avaient un boulot, un CDI, une maisonnette, un SUV. Ils découvrent avec horreur que le système insatiable les juge trop couteux pour ce qu’ils rapportent et les pousse au rancart au profit de concurrents lointains et sans visages, moins regardant qu’eux car n’ayant jamais gouté au moindre début de prospérité.
Vu de plus haut, le procédé est une évidence, ce qui ne préjuge pas de la manière d’y échapper. Il est si bien conçu que la moindre tentative en ce sens entraine quasi de fait une sorte d’exclusion sociale, non pas de sa part, mais de celle de ses victimes principales qui, dans un déni de cette évidence, sont conduits à stigmatiser les impudents ne jouant plus la même pièce, plutôt que de se révolter contre ceux qui l’écrivent. Le vent est cependant en train de tourner.
Ainsi, une multitude de gens n’ayant jamais manifesté de leur vie se retrouvent-ils dans la rue pour montrer être en opposition aux yeux de tous et surtout, le paraitre. Mais ce n’est que du spectacle, on peut nourrir la plus grande inquiétude sur l’épuisement de la patience sociale vis-à-vis de politiciens impavides et coupés de notre quotidien. Sauront-ils retomber sur terre avant que ne vienne le temps de la violence ? Je me prends à en douter en suivant les lamentables péripéties du moment…