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Source : CNIL

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SUJET : Mensonges éhontés, mensonges par omissions et statistiques : le cas du patrimoine

Mensonges éhontés, mensonges par omissions et statistiques : le cas du patrimoine 10 Nov 2016 07:43 #1617

L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (Insee) a publié une étude sur le patrimoine des Français, intitulée « Entre 2010 et 2015, les inégalités de patrimoine se réduisent légèrement ».

Les médias s’en sont fait l’écho. France Inter, comme quelques autres, insiste sur les inégalités : « Patrimoine : les plus riches possèdent 139 fois plus que les plus pauvres », quoique ce titrage soit trompeur — c’est la moyenne des 10 % les plus riches qui possède environ 140 fois plus de patrimoine que la moyenne des 10 % les plus pauvres. Les plus riches, eux, sont infiniment plus riches que les plus pauvres. Mais France Inter a au moins le mérite de préciser en sous-titre : « Ceux qui possédaient le moins en 2010 sont encore plus pauvres en 2015. »

La plupart des titres portent cependant sur la faible réduction des inégalités. « Léger recul des inégalités de patrimoine » pour Le Monde ; « Inégalités de patrimoine : des écarts encore (très) élevés » selon Libération, « Les inégalités de patrimoine ont légèrement reculé en France » assure RTL.

Ce qui ressort de tout ça, c’est que ça n’est pas terrible, mais que ça s’améliorerait lentement.

La bizarrerie, c’est que cette évolution ne correspond pas à ce que l’on peut observer dans le monde réel. Y aurait-il un piège ?

La France Agricole nous incite à penser que oui : « Le patrimoine des agriculteurs a augmenté de 20 % en 5 ans ». Des agriculteurs de plus en plus riches ! Voilà qui est étrange. L’article révèle la ficelle : « Ce patrimoine global brut comprend les biens privés (habitation, placements financiers, etc.) et professionnels (foncier, matériel, bâtiments, cheptel, stocks, etc.), avant déduction des emprunts en cours. » “Brut” est écrit en gras dans l’article.

Pour survivre, les agriculteurs investissent massivement dans de nouvelles stabulations, dans des serres, des filets paragrêles, etc. La campagne autour de chez moi donne l’impression d’une grande prospérité. Mais ceux qui sont les vrais détenteurs de ce capital, ce ne sont pas les agriculteurs : ce sont les banques.

Toute la supercherie provient du fait que l’étude de l’Insee porte sur le patrimoine brut, qui élimine tous les emprunts et toutes les dettes ; certes, en le précisant au début, mais comme ensuite l’Insee n’en parle plus, la confusion avec le patrimoine net (et réel, celui-ci) a vite fait de s’installer.

Cela rappelle la situation de ces millions d’Étasuniens avant la crise des subprimes. Apparemment, ils vivaient dans une maison dont ils étaient propriétaires. Mais du jour au lendemain, ils n’avaient plus rien.

(Sources : Insee, Entre 2010 et 2015, les inégalités de patrimoine se réduisent légèrement, 7 novembre 2016 ; La France Agricole, Le patrimoine des agriculteurs a augmenté de 20 % en 5 ans, 8 novembre 2016)
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