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Mensonges éhontés, mensonges par omission et statistiques

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SUJET : Mensonges éhontés, mensonges par omission et statistiques

Mensonges éhontés, mensonges par omission et statistiques 23 Déc 2015 06:03 #1252

Le Monde titre : « En France, la pauvreté a légèrement augmenté en 2014 ».

« Les inégalités repartent à la hausse en France » affiche pour sa part La Croix.

Ces affirmations sont basées sur des données fournies par l’Insee qui affirme observer « une légère hausse du taux de pauvreté, de 0,2 points, après deux années de baisse ».

Si vous n’avez pas l’habitude de chercher les tricheries dans les détails, vous ne remarquez rien. Mais voici : les médias parlent de la pauvreté quand l’Insee parle du taux de pauvreté. Et le taux de pauvreté n’a rien à voir avec la pauvreté, ah ! ah !

Le taux de pauvreté est un instrument statistique qui se calcule ainsi :

• D’abord, on recherche quel est le revenu médian des ménages (la moitié des ménages sont au-dessus du revenu médian, l’autre moitié est en-dessous).

• Ensuite, on applique un taux (arbitraire) de 60 % sur ce revenu médian. Ceux qui sont en-dessous sont les pauvres, et leur proportion dans la totalité des ménages donne le taux de pauvreté.

C’est le genre d’instrument qui n’a de sens que dans un contexte socioéconomique calme.

Si les revenus de la majorité de la population baissent, le revenu médian baisse (ce qui n’empêche pas, bien au contraire, les revenus des plus riches de s’envoler). Si le revenu médian baisse, le seuil de pauvreté baisse, donc le taux de pauvreté, et cela provoque l’illusion d’une pauvreté qui resterait stable.

Or, nous dit l’Insee, « En euros constants, le niveau de vie médian aurait baissé de 0,3 %. »

Un autre élément, sur lequel je manque d’informations, c’est le nombre de personnes souvent jeunes qui échappent désormais aux statistiques. Elles ont un état-civil mais ne sont inscrites nulle part, ni comme salariés, ni comme auto-entrepreneurs, ni comme chômeurs, ni comme étudiants. Sont-elles comptabilisées dans les “ménages” ?

Il suffit de regarder autour de soi pour constater que la pauvreté, loin d’être stable, augmente rapidement. C’est un indicateur plus pertinent que des statistiques pipées.

(sources : Le Monde, 22 décembre 2015 ; La Croix, 22 décembre 2015 ; Insee, 23 décembre 2015)