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SUJET : Jeunes, éduqués et désespérés

Jeunes, éduqués et désespérés 16 Nov 2013 09:42 #33

Le New York Times a publié hier un reportage de Liz Alderman, Rachel Chaundler et Christopher Schuetze sur la situation des jeunes en Europe, sous le titre Jeunes et éduqués, mais désespérant de trouver du travail. Extraits.


alba_mendez.jpg


Alba Méndez, une jeune femme de vingt-quatre ans titulaire d’un master en sociologie, sauta nerveusement de son lit puis se maquilla et se coiffa soigneusement. Ses mains fines tremblaient en serrant son CV tandis qu’elle sortait de la pièce minuscule qu’un ami lui prêtait gratuitement.

Elle se rendait à un entretien pour un emploi dans un supermarché. Cela ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait espéré au cours de ses études, mais c’était une des rares possibilités qui s’offrait à elle après une série de jobs temporaires, de candidatures sans réponses et de rencontres avec des employeurs qui exigent de plus en plus que les jeunes travaillent gratuitement pendant des périodes de stage de plus en plus longues, juste pour qu’une embauche soit éventuellement prise en compte.

Ses parents l’imploraient de revenir aux iles Canaries pour aider son père à travailler dans son verger. Mais c’est un signe des temps que même son propre père ne pourrait pas lui verser de salaire.

« Nous sommes dans une situation qui nous échappe, dit-elle, mais cela n’empêche pas de ressentir de la culpabilité. Certains jours, j’ai vraiment du mal à sortir du lit. Je me demande : “Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ?” »

Cette question, des millions de jeunes se la posent à travers l’Europe. Cinq ans après que la crise économique a frappé le continent, le chômage des jeunes atteint des niveaux stupéfiants dans beaucoup de pays : en septembre, 56 % en Espagne pour les jeunes de moins de vingt-cinq ans, 57 % en Grèce, 40 % en Italie, 37 % au Portugal et 28 % en Irlande. Le taux de chômage est entre la moitié et les deux tiers aussi élevés pour ceux qui ont entre vingt-cinq et trente ans, et il grimpe.

Ce sont des taux de chômage comparables à ceux de la Grande Récession des années 30, et il n’y a aucun signe que les économies européennes qui peinent à sortir de la récession soient sur le point de créer les emplois nécessaires pour donner du travail à ces jeunes, peut-être pour leur vie toute entière.


melissa_abadia.jpg


Peu après son vingt-troisième anniversaire, il y a quatre ans, Melissa Abadia a pris une décision déchirante. Elle allait quitter l’Espagne et une famille chaleureuse et unie pour les Pays-Bas où les employeurs recrutaient encore.

« Quand j’ai embarqué dans l’avion, je pleurais », se souvient Melissa, une jeune femme brillante et exubérante. « Mais je devais me décider. Devais-je me battre à la maison pour quelque chose qui n’a aucun sens ou devais-je me faire une vie à moi ? »

Après cinq années d’études d’infirmière à Castellón de la Plana, elle travaille maintenant à Amsterdam dans un entrepôt dépourvu de fenêtres, où elle range des sacs, des chaussettes et autres accessoires.

C’est un signe de la détresse de sa génération que rien que le fait d’avoir un travail et une certaine indépendance la range dans la catégorie des chanceuses – peut importe la nostalgie du pays, les rêves professionnels évanouis et la résignation progressive à une vie qu’elle n’aurait jamais imaginé vivre. « Évidement, je déteste ce que je suis obligée de faire, dit-elle d’une voix sombre. Quitter son pays devrait être un choix, pas une obligation. »

Après des stages non rémunérés comme infirmière, puis un travail temporaire dans une boite de nuit, Melissa a cherché sur internet des offres d’emploi en Europe du Nord. Elle a rapidement trouvé un travail au pair à Amsterdam.

Pour la première fois, elle éprouvait le choc d’être un immigrant. Arrivée à Amsterdam parmi un flot de jeunes Espagnols, Grecs, Italiens et Portugais, hommes et femmes tous à la recherche de n’importe quel travail, « je sais ce que ça fait d’être perçue comme quelqu’un qui vient voler le travail des autres », ajoute-t-elle.

Elle a rapidement trouvé un travail mieux payé dans un magasin d’habillement près du Palais Royal. Une dizaine d’autres jeunes Espagnols y travaillaient.

Elle a passé deux ans d’emploi temporaire en emploi temporaire, les patrons ayant considérablement augmenté leur nombre pour diminuer les salaires et pour ne pas payer la protection sociale exigée pour les emplois permanents. Finalement, l’employeur de Melissa transforma son contrat temporaire en contrat permanent, avec les avantages liés au travail dans le plus grand entrepôt de la firme.

D’un côté, avoir ce genre de boulot est une victoire dans l’Europe d’aujourd’hui. Elle gagne 1 200 € par mois, le double de ce qu’elle aurait pu espérer en Espagne. « Le jour où j’ai signé mon CDI a été le plus beau jour de ma vie », raconte-t-elle en sirotant un Coca dans un bar animé. « C’est quasiment impossible d’en avoir un aujourd’hui en Espagne, dit-elle. Ici, on me fait confiance, à moi, une Espagnole, et on me donne des responsabilités. Je peux payer mon loyer, économiser et être indépendante. Je suis même en train d’écrire un livre. »


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Mais à cause de son temps de travail, elle n’atteint toujours pas le salaire minimum qui est de 1 477 € aux Pays-Bas, et la carrière où elle s’est engagée est fort loin de ce qu’elle avait espéré. En discutant du parcours qui l’avait menée ici, Melissa devint soudain pensive. Se faire à une vie loin de la maison, travailler en-dessous de ses compétences avait été plus difficile qu’elle n’aurait imaginé. « Ça fait longtemps que j’ai renoncé à devenir infirmière, dit-elle. Avec ce travail, je suis si fatiguée que parfois je ne peux plus bouger. Je ne sais plus ce que c’est, un weekend. »

Ce qui manque le plus à Melissa, c’est l’Espagne. Le soir, dans l’appartement qu’elle partage avec deux colocataires, près de la voie ferrée, elle regarde les photos de ses parents, de son frère et de ses meilleurs amis avec qui elle reste en contact avec Skype. Des banderoles vantant “España” et “Castellón” son déployées au-dessus de la porte. Quand elle est revenue à la maison, elle a retrouvé sa chambre comme le jour où elle l’avait quittée.
« Ils me manquent tellement », dit Melissa. Alors qu’elle s’est habituée à Amsterdam, à ses ciels pluvieux, au contact abrupt des Hollandais, « chaque matin, quand je me réveille, je me dis, mais qu’est-ce que je fais encore ici ? »

À Noël dernier, elle a glissé dans une sorte de dépression quand elle s’est retrouvée seule dans l’appartement, en pensant à sa famille réunie autour de la table. Dans les moments de déprime, Melissa songe à acheter un aller simple pour l’Espagne. « Mais quand je me mets à y réfléchir sérieusement, je réalise que je vais revoir ma famille mais que ça ne va pas me donner du travail. Après deux mois, peut-être que je retournerai travailler les soirs dans un night-club, et après trois je réaliserai que je n’en peux plus et que je dois partir à nouveau. »


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Alba Méndez a été confrontée à ce sentiment déstabilisant alors qu’elle cherchait du travail. Elle est allée dans une sandwicherie où elle a travaillé deux semaines sans être payée. Un hôtel de luxe lui a proposé deux mois de formation sans salaire suivis de deux autres mois d’essai, toujours non payés et sans aucune garantie d’être embauchée au bout de ce parcours.

Parfois, cela dépassait ce qu’il est possible de supporter. « Des fois, je me demande si la vie vaut la peine d’être vécue », chuchote-t-elle.

L’impossibilité de commencer une vie professionnelle angoisse Alba Méndez qui ne peut même pas songer à fonder un foyer ou une famille. Elle a songé à fonder une coopérative qui étudierait les problèmes sociaux comme l’égalité entre les sexes et qui vendrait ses rapports à des institutions publiques. Elle a aussi bénévole pour venir en aide à des femmes battues et elle a participé à des réunions du mouvement Jeunes sans Avenir.

Quand elle s’est allée à l’entretien d’embauche pour la chaine de supermarchés, elle s’est retrouvée dans une pièce avec une trentaine d’autres postulants, la plupart ayant des diplômes universitaires. Après une heure d’entretien collectif avec les autres, elle est ressortie en soupirant. « Si je n’obtiens pas ce travail, je vais perdre mon indépendance et tout ce que j’ai essayé de faire depuis six ans. »

Elle a reçu la réponse quelques semaines après. Elle serait employée pour ranger les rayons et pour tenir une caisse, avec des horaires variables, pour une durée de trois mois sans garantie de renouvèlement. Le salaire mensuel de 800 € lui permettrait d’acheter les produits de base et de ne pas retourner vivre chez ses parents, mais pas grand-chose d’autre. « Je ne dirais pas que ma situation s’est considérablement améliorée, dit-elle. J’espère toujours travailler comme sociologue. Mais je sais que le temps passe et que ce travail est en train de me démolir. »

Il lui est difficile d’imaginer un avenir meilleur. « Mais je dois être forte, dit Alba. C’est la seule chose que je peux faire. »

À Amsterdam, Melissa se dit la même chose. Elle remonte sa manche et montre un seul mot, écrit en lettres cursives, qu’elle s’est fait tatouer l’année dernière : “valiente”. « J’ai fait ça pour me souvenir que je dois aller jusqu’au bout, dit Melissa. J’ai été obligée de quitter mon pays et tous ceux que j’aime juste pour pouvoir vivre. Mais je dois continuer à aller de l’avant, à essayer encore et encore, et à devenir plus forte. Si je fais ça, un jour, je conquerrai le monde. »
Dernière édition: 09 Déc 2014 15:50 par Michaël.
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