L’engagement n’a pas d’odeur et c’est bien là le problème ! J’entends par là qu’on peut s’engager en tout et n’importe quoi. C’est une notion à géométrie extrêmement variable en raison des multiples manières d’aborder les étapes y menant.
La conscientisation, le début de tout, dépend étroitement de la nature et des goûts de l’individu, du milieu dans lequel il a grandi, dans lequel il évolue. La conscience du monde est le plus souvent limitée à l’environnement immédiat, celui de la vie courante. Tout engagement dans ce contexte restera limité à cet environnement et n’aura guère d’intérêt à l’échelle de la société en dehors du fait que « pendant qu’il ou elle fait ça, il ou elle ne fait pas autre chose ! » dixit la sagesse populaire qui en a vu d’autres.
La conscientisation doit être élargie au monde, au-delà du champ de la société où l’on vit et dont une vision d’ensemble est gage d’une meilleure appréhension de ses forces et faiblesses, de ses tensions et mécanismes. En ce sens, l’apport familial et la curiosité personnelle, bases de l’éducation, doivent être renforcés par l’instruction publique dispensée pour donner à tous les mêmes informations sur le monde, peu importe classe sociale ou origine, et ainsi unifier la lecture de notre société. Cette instruction doit impérativement comporter l’enseignement de l’esprit critique, non pas comme moyen de contestation permanente, mais de discernement des solutions les plus simples qui sont le plus souvent les meilleures.
A contrario, si cette conscientisation limite son champ d’action au groupe social immédiat, marqué par la religion, les traditions, les loyautés familiales et les amitiés intouchables, son résultat peut devenir explosif en ce qu’il exacerbera certaines réalités autrement anodines et les élèvera au rang d’objectifs à atteindre sans faute sauf à s’exposer à la honte de ne pas être à la hauteur de cet enjeu inventé. Au point de sombrer dans l’extrémisme le plus sauvage, contre soi et le reste du monde.
Le concernement, c’est-à-dire le fait de se sentir concerné par ce qu’on a tiré de la prise de conscience plus ou moins entière de ce qui nous entoure, voit sa forme et son intensité, dictées par l’importance du recul pris sur le monde et de la hauteur de laquelle on le contemple. Une conscientisation étroite mènera inévitablement à un concernement fortement focalisé sur soi et à un enfermement dogmatique de la pensée menant à l’obsession.
L’encapacitation, c’est-à-dire le fait de discerner par quels moyens personnels il serait possible de cristalliser le concernement en engagement, dépend aussi de la dimension prise par les deux étapes précédentes, une trop grande focalisation poussant à se sentir capable de tout en dépit des barrières morales que nous possédons tous plus ou moins.
De ces incertitudes découle le fait avéré que l’engagement n’a pas d’odeur, il s’applique à tout ce qu’il est possible de vivre dans notre société en ne dépendant que de la conviction acquise au long des trois étapes décrites plus haut et franchies le plus souvent inconsciemment. Il dure aussi longtemps qu’il fait sens pour l’individu engagé. Le sens donné en retour à l’action menée est une soupape de sécurité d’autant plus efficace qu’elle émane de la plus large conscientisation possible.
C’est ainsi que, par exemple, la nature et l’intensité de l’engagement en religion va du penseur féru de métaphysique au fanatique capable d’assassiner tous ceux qu’il considère comme indignes de vivre pour cause d’apostasie et de mécréance.
Ou que le joueur de boules dépasse un jour le seul amusement pour s’engager dans l’animation d’un club, pour le lien social, ou pour remporter des compétitions…
Ou encore l’alpiniste qui écume les sentiers d’altitude, un jour va s’aventurer dans des voies de plus en plus difficiles, celles que dans ce milieu on nomme « engagées » et que l’on parcourt en allant au bout de soi, juste pour la bataille.
Ou tous ceux qui s’engagent pour la société dans laquelle ils vivent, pour la bonifier, la défendre, pour aider les plus faibles, en y consacrant plus ou moins de temps et d’attention.
L’engagement en quoi que ce soit est une manière de sortir de son nombril sauf à servir une obsession.
Il m’apparait une fois de plus que l’éducation et l’instruction sont au centre de tout, plus elles seront approfondies, plus la conscientisation sera large et ouverte, moins le concernement se concentrera sur le peu qu’on croit savoir, moins on se mentira sur sa propre encapacitation et plus l’engagement revêtira un sens robuste en s’appliquant à la société pour le plus grand bien de tous.
PS : voir « Vous avez dit engagement » du 17 octobre 2023 et « Le désengagement » du 10 décembre 2023.

Le concept en quatre phases détaillé ! Et en prenant, rétrospectivement, des situations concrètes, ca marche !!

On s engage pour les autres,pour une cause, une association,et on y trouve du plaisir, de rendre service..On trouve aussi du plaisir personnel à se rendre utile.Seul sur terre on est rien