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Source : CNIL

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SUJET : L'ère du mensonge

L'ère du mensonge 23 Oct 2024 17:00 #2607

Il fut un temps pas si lointain où l’acquisition d’une bonne connaissance du monde et de son fonctionnement n’était pas évidente car il fallait chercher et extraire les informations à la fourchette à escargot. En écumant des kilomètres de rayons de bibliothèques, en examinant à la loupe les présentoirs colossaux des kiosques à journaux, en absorbant à heure fixe ce que racontaient la radio puis la télévision. Et ceci fait, recouper les différentes sources à propos d’un même événement en leur appliquant le tamis des recettes de l’esprit critique, pour arriver enfin à se faire une idée pas trop fausse de la réalité et ainsi pouvoir la confronter à d’autres sans trop de risques de se faire envoyer balader ou contredire.
Ça n’était pas rien ! Quel boulot que de ne pas sombrer dans l’idéologie dogmatique ou la crétinerie crasse, que de comprendre le monde de la façon la plus objective possible. Oui, un vrai travail au sens de la création d’une valeur d’échange de vérité ou de doutes, au sens de débats et disputations entre points de vue différents…
Mais c’était aussi une époque où, né de l’éducation du moment, un fond de bon sens et de décence commune baignaient la réflexion en lui épargnant tout égarement ou toute illusion fallacieuse.
Tout ceci n’est plus que souvenir et nostalgie, au temps de la toute puissance d’internet et du tsunami permanent et croissant des réseaux sociaux.
La difficulté de mise en œuvre des moyens précédents, principalement écrits et imprimés, était telle, qu’ils étaient tout entiers dédiés à des informations et des connaissances vérifiées par les pairs de ceux qui les avançaient, ceux qui ne jouaient pas ce jeu étant clairement désignés comme tels. La principale dérive était due à l’ancienneté de la publication, cliché de la connaissance à l’instant t.
A présent, les encyclopédies en ligne subissent des évolutions au jour le jour sans mémoire des chemins de connaissance, les vérifications et recoupements disparaissent petit à petit, faute de temps pour contrôler un flot continue de données venant on ne sait pas toujours d’où.
Sur la toile, on trouve tout et son contraire, dispersé façon puzzle, vouloir faire une synthèse sur un sujet signifie des heures et des heures d’errance d’un site à l’autre à la merci de moteurs de recherche et de mots clés aux pouvoirs mystérieux, sans certitude de les retrouver ni que les informations qu’ils détiennent soient vérifiées. D’où la tentation de s’arrêter aux premières trouvailles en favorisant implicitement les idées les plus répandues.
Que dire des réseaux sociaux ou tout un chacun peut raconter ce qu’il veut, que cela respecte ou non les lois de la physique ! On y trouve essentiellement la quintessence de la connerie humaine et de la vilenie amplifiée par les murailles de l’anonymat et de la lâcheté.
Chacun est libre de s’exprimer comme une rivière est libre de mener à la mer à la fois eau et ordures. L’humanité s’est jetée sur ce truc sans préparation ni précaution, elle se retrouve aujourd’hui confrontée à ce qu’elle est profondément lorsqu’elle échappe à ses contrôles sociétaux, un ramassis de salopards malveillants et inconséquents.
C’est ainsi que très vite, le mensonge et la calomnie sont devenus prégnants, polluant ces nouveaux canaux de communication au point que leur fréquentation s’apparente à un lavage de cerveau opéré par de petits malins qui ont compris ce qu’ils pouvaient en tirer pour détruire la cohésion sociale en dressant tous contre tous, en mentant avec aplomb, en faisant avaler les pires salades à leurs semblables saturés d’informations contradictoires.
L’absorption continuelle de tels monceaux d’immondices mène à une forme de décérébration propice à la montée en puissance et à la prise de pouvoir sur des esprits en friches, d’autocrates sans foi ni loi dont les agissements menacent aujourd’hui les grands équilibres indispensables à une vie apaisée.
Nous connaissons tous les produits de ce désastre, les Trump, Poutine et consorts, mais aussi ces dictateurs de la vie quotidienne que sont les influenceurs et les communicants de tous poils vantant la marchandisation de tout et tous, y compris des opinions.
Pour s’en tenir à notre pays, la mesure la plus urgente à prendre est le nettoyage des écuries du net et des réseaux par la levée de l’anonymat et la plus brutale prise de sanction vis-à-vis des diffuseurs de contenus délétères, le tout sous contrôle citoyen et démocratique, il ne s’agit pas de favoriser une quelconque pensée unique mais de sortir le mensonge de l’équation. Il n’y a aucun obstacle technique à cela. Si les amendes en millions ne suffisent pas, reste à couper l’électricité. Relisez « Ravages » !
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