Après une longue période de récriminations, de critiques en tous genres, de pronostics sinistres, de prophéties apocalyptiques et autres gentillesses, il est étonnant de constater à quel point notre pays et ses habitants, râleurs invétérés, se sont soudain transformés en supporters de ces Jeux Olympiques qu’ils avaient tant décriés.
Je ne devrais même pas dire supporters mais plutôt groupies tant ça frisait parfois une Beatlemania de bon aloi ! Parenthèse enchantée ou fuite d’une réalité peu riante, la question reste ouverte.
Mais peu importe les raisons, ce qui m’intéresse ici, c’est pourquoi nous avons été capables de tourner notre veste en un instant, dès que le premier athlète a pointé le bout de son nez devant les caméras.
Il faut dire que le sport est de mieux en mieux filmé, certaines épreuves permettant même de délivrer des reportages plus proches du thriller à suspense que du documentaire. Je pense en particulier au judo et au triomphe de notre colosse, au saut à la perche du suédois volant et souriant, mais aussi à la natation lorsque qu’un gamin filiforme se met à moissonner les médailles d’or comme si ça allait de soi. Et ce sport bien filmé fait rêver.
Voilà la réponse : ça fait rêver ! Pour une fois, ce n’est pas le fric ou les flingues, mais l’abnégation et l’effort, la beauté des gestes, le dépassement, et aussi, souvent, la fraternité entre athlètes pourtant concurrents. Et de l’émotion à tire larigot ! Du vrai cinéma, quoi !
Rêver, voilà ce qui nous manque le plus.
Je me souviens avoir pesté contre une écologiste intégriste qui avait voué aux gémonies un spectacle aérien au prétexte qu’il ne fallait pas apprendre aux petits à rêver d’avions car ce n’est pas bon pour la planète. Aveuglée par son idéologie rigide, elle n’avait pas compris que l’objet du rêve n’a que peu d’importance par rapport au fait de rêver.
Le rêve, c’est ce qui nous a fait avancer depuis toujours, jusqu’au point où nous en sommes. Que de chemin parcouru grâce à tous ceux qui ont pensé possible ce qu’ils imaginaient, même si en leur temps, on les traitait de fous ! Les fous d’aujourd’hui sont les bienfaiteurs de l’humanité de demain.
Bien sûr, malgré la puissance de notre cerveau, nous ne savons pas plier la réalité à nos désirs, mais nous pouvons au moins la comprendre en partie et toucher ainsi au sens de nos vies.
Rêver nous tire vers le haut de nos potentiels, nous pousse à nous aventurer là où personne n’est jamais allé, juste pour savoir, pour essayer.
Le rêve est l’ennemi du dogmatisme qui caractérise toutes les idéologies de domination inventées par des rêveurs qui n’avaient peut-être pas été assez loin dans leurs parcours imaginaires et n’avaient pas discerné les chemins dangereux que leurs idées pouvaient ouvrir à de petits malins avides de pouvoir.
Le rêve est l’ennemi du fatalisme car il ouvre l’esprit à d’autres possibles, semant la graine qui germera un jour et mènera à des changements concrets dans la réalité.
Le rêve est l’ennemi de l’ignorance, mère de toutes les oppressions, c’est par le rêve et la digression mentale que les plus grandes découvertes scientifiques ou autres ont été accomplies, parce que l’imagination permet de s’affranchir de contraintes qui n’en sont souvent que dans nos esprits ou bien de changer si radicalement de point de vue que la réalité prend un autre visage et apporte des solutions éclatantes à des questions autrement insolubles.
Alors, rêvons, levons le nez de nos écrans, allons nous balader dans les bois et rêvons à un monde meilleur et aux moyens de le construire, rêvons au lieu de râler, pensons pour plutôt que contre !

Bonjour Daniel
Pour une fois, je ne vais pas jouer le contradicteur (nécessaire pour qu'un véritable débat ait lieu). Bien sûr qu'il faut rêver et je te remercie de le rappeler. Comme tu le dis, "rêver nous tire vers le haut, nous pousse à nous aventurer là où personne n’est jamais allé". Dans cette veine et si la mémoire ne me fait pas défaut, Mark Twain écrivait : "ils ne savaient pas que c'était impossible. Alors, ils l'ont fait".