Dernières gesticulations scolaire en date d’un pouvoir essoufflé : les groupes de niveau.
Cette nouvelle avancée de la pensée unique provient d’un constat que nous avons tous fait au cours de nos scolarités : aucun gamin ne ressemble à un autre et ceci, indépendamment de la classe sociale ou des origines. Tous ont des talents et faiblesses qu’il s’agit de discerner et dont il faut tenir compte dans le déroulement de l’enseignement.
Le premier écueil est de ne pas aborder le sujet comme un classement de valeur sur des critères de toutes les façons contestables.
Le second est d’agir en montrant bien qu’il ne s’agit pas de hiérarchiser les talents suivant les mêmes critères contestables mais bien d’identifier là où il faut faire effort.
Le troisième est de veiller à ne pas pousser ceux qui ont le plus besoin d’un coup de main à le rejeter car ressenti comme une humiliation.
Le quatrième à éviter que la diversité des origines et des genres ne soit prétexte facile à justifier une répartition injuste de l’attention à accorder à chacun.
J’en oublie certainement tant les récifs sont nombreux et à fleur d’eau.
La solution de facilité, je dirais même industrielle, consiste à trier, à hiérarchiser et à appliquer des méthodes adaptées aux niveaux de chacun en vue de rentabiliser au mieux l’investissement social lourd que représente l’éducation. Solution sur laquelle vient de se ruer notre ministre sortie du chapeau et succédant à celle sortie du circuit qui n’avait pourtant pas démérité en plaçant ses enfants dans une boite à bac, de pius privée et pire, confessionnelle du genre intégriste.
Le corps enseignant a réagi comme une seule femme à ce coup de canif dans la notion officielle d’égalité, de bon sens et d’équité.
Je suis souvent critique à l’égard de ce grand corps social qui souffre plus que d’autres d’un biais de genre et d’origine sociale, cette fois je participe volontiers à la bronca même si je ne sais pas encore exactement ce qu’il propose contre la décision ministérielle.
Pour ma part, je voudrais rappeler quelques constats et propositions qui sont familières à ceux qui suivent mes réflexions en matière d’éducation.
En préalable, le groupe élémentaire, la classe, est un organe de nature hiérarchique : l’enseignant en est à la tête, qui s’appuie sur quelques élèves sortant naturellement du lot et forment un relai vers leurs camarades.
Cet enseignant, pétri de bon sens, va s’imposer naturellement et simplement.
Il va leur transmettre la mission qu’il a reçue en détaillant les intentions sous-jacentes, les modes d’actions mis en œuvre pour la remplir et leur articulation, les appuis disponibles.
Dans ces appuis, la caisse à outils de petit humain, c’est-à-dire ces savoirs transversaux sur lesquels il faut sans cesse faire effort pour qu’ils deviennent naturels car indispensables pour comprendre le contenu des programmes : la langue et son environnement, le calcul et l’appréhension physique de ce qui nous entoure, l’esprit critique pour débusquer le peu de vrai dans le marécage du faux, la réflexion plutôt que la réaction réflexe, l’espace-temps dans lequel nous évoluons et qui conditionne le présent.
Il donnera à ses élèves des limites à ne pas dépasser au sein desquelles ils sauront déployer sagacité et initiative, les plus à l’aise étant invités à aider les moins à l’aise dans une dynamique de groupe.
Les élèves apprendront ainsi qu’ils ne sont pas égaux, que chacun peut apporter et aussi compter sur les autres, que les forts comprendront le pourquoi des difficultés des faibles qui eux, profiteront de l’élargissement des approches de compréhension autour de celles de l’enseignant. Ils comprendront qu’en groupe, on est beaucoup plus fort que seuls, au-delà même de la somme des individus, que le mal-être de l’un rejaillit sur tous et que tous ont un pouvoir sur ce mal-être.
Alors, plutôt que d’inventer un moyen de plus de mettre les gens dans une petite case où ils resteront enfermés à vie – diplômé ou en échec – osons changer de chemin avec de nouveaux programmes et en rendant le pouvoir aux enseignants dans une subrogation bien comprise de l’institution et des parents le tout gagnant à ne plus subir d’incessantes vibrations politiciennes servant les intérêts de gouvernements et de ministres ne faisant que passer. Il s’agit ici de créer un outil bien pensé destiné à agir sur la durée. Songeons au temps que nous avons passé à l’école et au constat que nous sommes tentés de faire sur ses « performances » actuelles : tout ce temps pour ÇA ??