Certaines choses me sont particulièrement incompréhensibles. Cela semble même s’aggraver, peut-être l’effet de la vieillerie grandissante qui rend acariâtre ?
Lors de débats, discussions voire disputations menées avec un esprit quelque peu batailleur, je me heurte souvent à des argumentations qui me laissent pantois, le menton sur la table, à la Tex Avery…
Quelques exemples amusants (façon de parler, pour ne pas effaroucher…). Un catalogue de sujets à débats, avec gilet pare-balles et casque lourd.
Comment justifier aujourd’hui, alors que nous en connaissons les dégâts, parfaitement prédits il y a plus de 150 ans par un certain Karl Marx et jamais contredit depuis, que nous continuions à porter aux nues le capitalisme débridé qui saccage, et la planète, et les sociétés humaines ?
Comment justifier l’incessante pression de ceux qui possèdent les moyens de production sur ceux qui les animent par leur temps de travail, en vue d’accaparer le maximum de la plus-value sans pour autant penser que la ruine des travailleurs signifie à terme l’arrêt du mouvement incessant des marchandises, utiles ou pas, c’est-à-dire le moteur du capitalisme, faute de gens assez riches pour les acquérir ?
Comment justifier l’indifférence crasse de ceux qui en ont le pouvoir, d’agir contre le gaspillage de temps et de matière imposé par le maintien de la consommation de marchandise à un niveau débile, bien au-delà des besoins réels de la population en artefacts facilitateurs de vie quotidienne ?
Comment justifier une indifférence du même tonneau quant à l’épuisement des ressources naturelles causé par cette absence de limites, systématiquement occultée par la recherche incessante de procès nouveaux vendu à force de propagande dans le seul but de conserver le plus haut niveau d’échanges et donc de profits, possibles ?
Comment justifier que, fort de nos connaissances historiques, nous nous ruions de nouveau vers des systèmes politiques totalitaires tournant le dos à l’intérêt général de l’humanité ?
Comment justifier le basculement croissant de nombreux pays vers des régimes rétrogrades dont les exploits sinistres en matière de saccage des libertés fondamentales sont revendiqués comme un retour à un raison bien rance contre les dérives fantasmées imposées par la pensée des Lumières, comprenez plutôt contre les étrangers, les LGBT+, j’en passe, et tout ce qui sort de travail, famille, patrie ?
Comment justifier en tant que pays laïque, que nous ayons tant de mal à accueillir des gens persécutés pour des raisons religieuses dans leurs pays tout en ne sachant plus comment nous opposer ici au prosélytisme rampant permanent qui transforme nos structures éducatives en champ de bataille alors que notre constitution et nos lois nous offrent les moyens les plus puissants de le faire ?
Comment justifier les dérives des réseaux sociaux, inventions diaboliques, qui déversent sans limites les pires insanités, de l’ânerie pure à l’appel au meurtre, montant sans cesse les gens les uns contre les autres car soumis à nos réactions réflexes qui interdisent toute réflexion et toute tolérance ?
Arrêtons ici cette sinistre énumération de renoncements à prendre nos destins en main ! Ils ont cependant un point commun intéressant : ils relèvent tous d’une méconnaissance de ce qui se passe dans le Monde, de ce qui s’y trame, des tensions souterraines qui animent ce qu’on voit sans toujours comprendre les tenants et aboutissants.
J’accuse ici tous ceux qui nous dirigent, élus ou imposés, de préférer l’influence de la propagande et de la communication au danger représenté pour tout pouvoir en exercice, par une bonne connaissance du monde et l’exercice d’un esprit critique qui devrait être une mission première de l’éducation des citoyens. Il est facile de comprendre que de tels gens seraient difficiles à gouverner en les menant par le bout du nez.
Remettre l’intelligence au centre du débat relève pourtant de l’intérêt général et de la survie de l’Humanité…