Je trouve que la patience et l’abnégation des paysans français – je parle bien ici des paysans, pas des industriels de l’agriculture - est au-delà de l’admirable et du supportable. Et enfin, après quelques prologues n’ayant pas abouti à quoi que ce soit de raisonnable, les revoici hors de leurs terres et de leurs fermes, apparemment bien décidés à ce que justice soit faite.
Justice, car ceux qui œuvrent à nourrir leurs semblables ont été réduits à l’esclavage malgré des apparences trompeuses faites de beaux tracteurs, de biotechnologies avancées et de fermes fleuries.
Le mot esclavage n’est pas exagéré.
Le système économique mondialisé sans visage est leur maitre, impitoyable et intouchable, protégé qu’il est par des institutions internationales chargées d’imposer à tous l’imposture du grand marché libre et non faussé entre individus libres. Ce mythe hypocrite et ravageur a déjà mené à la ruine des pans entiers des économies nationales, tous secteurs confondus, en les opposants frontalement sans tenir le moindre compte des écarts sociaux souvent abyssaux, favorisant toujours les moins-disants.
Ne nous en tenant qu’à notre pays, nous avons vu petit à petit disparaitre des industries florissantes, textiles, mécaniques, électroniques, j’en passe, exterminées par un concurrence totalement faussée exercée par des pays aux travailleurs devant se contenter d’une frugalité vue d’ici comme une retour au servage.
Le scandale autour du partage de la plus-value capitaliste touche aussi cruellement l’agriculture.
A l’identique de tous les autres secteurs économiques, elle est étranglée par des fournisseurs de moyens de plus en plus exigeants sur leur rémunération et par un empilement d’intermédiaires ne produisant rien d’autre que de la captation de richesse à leur seul profit en échange de services bien mal rendus dans la distribution des productions.
La puissance de ces officines est devenue telle que le viol permanent de la concurrence non faussée leur permet d’exercer un chantage constant menant à l’importation de produits ne respectant pas les normes imposées ici sauf à ce que nos paysans abandonnent leur juste rémunération pour faire le joint !
Beaucoup, étranglés par les prêts bancaires permettant l’achat d’un matériel de pointe sans lequel toute participation à une telle compétition est impossible, poussés à travailler en scaphandre pour cause d’intrants chimiques censés protéger et ainsi assurer une production impérative menacée par la Nature elle-même, travaillant intensément et sans répit, acceptent cette fatalité comme une guigne, sous peine de disparaitre.
Ce système économique débridé a peut-être aujourd’hui touché une limite qui initiera un retour à la décence commune. Il est à présent clair, même pour les plus obtus, que la société doit reprendre le contrôle de l’économie dont l’évolution la bride sur le cou depuis les années 70 – merci monsieur Friedman ! – appelle à une reprise en main politique daredare avant qu’une situation irréversible ne s’installe, infiniment dangereuse pour l’Humanité, car mondiale.
Pour mettre fin à la confiscation de la plus-value qui revient aux travailleurs, pour faire cesser le micmac délirant des marchandises d’un bout du monde à l’autre, pour en finir avec la perfusion chimique des gens et de la Nature afin qu’ils acceptent et supportent un traitement infamant, pour cesser de gaspiller les ressources naturelles de la planète dans le seul but de faire marcher le commerce au profit d’une minorité, pour un retour collectif à la raison, profitons du mouvement en cours que le pouvoir en place ne sait pas comment contrôler à la différence des mouvements écologistes objets de toutes les répressions, afin d’ imposer par nos votes un retour au courage politique indispensable pour enfin mater les lobbies économiques qui ont pris le pouvoir mondial sans l’aval de quiconque.
Si le libre-échange mondialisé pouvait avoir de l’intérêt après la seconde guerre mondiale, au moment où il a été formalisé et imposé alors que d’une part tout était à reconstruire et que d’autre part en ce temps-là une grand pan de l’humanité était considérée comme quantité négligeable, l’évolution et la pérennité du monde nécessitent à présent de pondérer ce système dans le sens de l’équité, plus personne ne devant faire sa prospérité sur l’exploitation d’autrui, fut-il au bout du monde.
Serions-nous au seuil d’une évolution verte ? Oui, si nous le voulons bien, à contrario du gouvernement qui ne propose qu’un retour au « comme avant », déroute en rase campagne face aux lobbies, nourrissant, en même temps, l’exaspération des paysans non industriels rejoints par ceux de nos concitoyens ayant compris que cette nouvelle lâcheté ne nous épargnera pas un chaos grandissant.

Je pense malheureusement que nos votes ne changent plus rien à l'affaire, nos dirigeants étant pris entre les exigences de ceux qui financent leurs campagnes électorales qui exigent ce qu'ils considèrent être un juste retour sur investissement et les exigences européennes tant à force d'abandons de souveraineté ils sont contraints aujourd'hui de se plier aux oukases de quelques eurocrates non élus mais qui décident de tout.

C'est exactement ça ! Mais de plus, ils sont eux-même inféodés à une idéologie économique qui ne leur laisse aucune marge de manœuvre parce que dogmatique et vécue comme une vérité révélée.
Pour cette raison, ils sont incapable même de concevoir la moindre réaction !
Pour se sortir de ce guêpier, nous devons nous détourner de cette classe politique qui s'est construite à nos dépens et sans la moindre légitimité à s'imposer comme nouvelle noblesse de robe.
Pour cela, s'il y a manifestation à organiser, ce serait bien celle menant à la refonte du système électoral dont la vertu première serait d’empêcher quiconque de s'incruster au pouvoir !