Vous ne pouvez pas ignorer qu’un bazar apocalyptique règne au Moyen-Orient depuis le 7 octobre 2023, sans qu’on puisse discerner une quelconque issue au cycle infernal des frappes et représailles. La prison à ciel ouvert de Gaza s’avère cependant beaucoup trop difficile à mater, même pour une des meilleures armées du monde.
Sans surprise, on voit ce conflit métastaser alentour avec des combats sporadiques contre le Hezbollah au sud du Liban et des expéditions punitives dans la Palestine de Ramallah squattée par les colons illégaux et extrémistes israéliens voyant là l’occasion de s’y imposer par la force.
Plus loin, alors qu’on imaginait que la guerre saoudienne contre les Houthis était en train de se calmer, ces derniers certainement manipulés par l’Iran s’en prennent depuis quelque temps à l’intense trafic maritime généré par le canal de Suez au point que les pays occidentaux, USA en tête, en sont venus à intervenir militairement pour protéger les navires menacés et à travers eux, une bonne partie du commerce mondial.
Et la fête continue en Iran même avec le terrible attentat près de la tombe du général Soleimani, figure emblématique de l’impérialisme perse exécuté à distance par les américains il y a quatre ans. Qui a fait le coup ? Des opposants, une organisation en perte de vitesse qui se rappelle au bon souvenir du monde ? Brouillard de la guerre… Quelles seront les conséquences de ce coup tordu ?
Le Hamas semble avoir parfaitement réussi son coup. Tout espoir de paix dans la région s’est envolé pour des lustres sauf à ce qu’apparaissent des gens de bonne volonté capable de surmonter ce torrent de haine pour tenter d’en finir avec cette guerre éternelle par la négociation. Mais, Anne, ma sœur Anne, ne voit rien venir…
L’Iran chiite semble ne pas avoir supporté que sa guerre de religion contre l’Arabie Saoudite sunnite soit polluée par le rapprochement de cette dernière avec Israël. Et a recentré le débat par Hamas interposé pour ne pas être relégué dans les tunnels de Gaza.
Il me semble que ce sont les coups très rudes portés contre le pouvoir des mollahs par une grande partie des Iraniens ulcérés de la mort de Mahsa Amini, qui le pousse non seulement à réprimer les manifestations d’opposition dans le sang, mais aussi, dans une sorte de fuite en avant, à exercer un puissant pouvoir de nuisance dans sa zone d’influence, veillant à maintenir une menace et même un interventionnisme guerrier permanent sur ses voisins. Le reste du monde n’est pas épargné non plus si on considère la course effrénée de ce régime à la bombe atomique comme garantie de sa survie !
Ce régime dictatorial a compris qu’il ne lui reste plus que la violence pour légitimer son maintien au pouvoir, envers et contre la majorité de sa population harassée par des décennies de guerres et de privations. Une population beaucoup plus rétive que celle de son grand voisin du nord, la Russie, qui le tient pour un allié fiable dans sa lutte contre l’occident nazi et corrompu (un peu rude, dit comme ça, c’est pourtant ce que Vlad 1er vend aux Russes et autres affidés sans vergogne), au point qu’il lui livre/achète des armes et certainement, en douce, l’aide dans sa course à la Bombe.
Il faut être très prudent face à une grenade dégoupillée.
Pour sauver leur peau, les mollahs ont peut-être commis une erreur fatale en invitant Israël dans la danse, ennemi très puissant de plus gouverné par des extrémistes que rien ne semble pouvoir arrêter. Qui a la Bombe et un excellent prétexte pour s’en servir, offert sur un plateau.
Nous sommes donc soumis au bon vouloir d’acteurs régionaux prêts à tout, bien mal arbitrés par une Amérique dont le rôle est suspendu à la prochaine élection qui peut mener à tout et à son contraire.
Le Moyen-Orient est devenu l’endroit le plus dangereux de la planète. Pourtant, là-bas, entre l’Iran et l’Irak, vers 3500 avant notre ère, quelqu’un a inventé le premier alphabet, pour conserver la mémoire des faits et gestes des puissants et le décompte de leurs biens, quelqu’un a inventé le temps tel que nous le connaissons aujourd’hui, en écrivant l’essence du présent qui deviendra le passé dans le futur, quelqu’un a inventé le moyen de léguer aux générations suivantes des récits édifiants pour améliorer leur sort et leur entrouvrir les portes de leur imaginaire.
En vain, l’humanité, gouvernée par ses passions, se fout des leçons du passé comme de son premier javelot. Et pourtant, quelqu’un a inventé l’alphabet…