Il y a peu, lors d’une émission diffusée par France Inter, une auditrice, agricultrice de son état, invitée à raconter son quotidien, en vint à dire que son mari et elle, s’ils n’étaient pas allocataires du RSA, crèveraient de faim en produisant la nourriture des autres. Stupéfiant au premier abord.
A vrai dire, pour une fois, loin de toute propagande ou autre langue de bois floutant le sens des mots, la réalité paysanne était décrite d’une manière aussi brutale que synthétique.
Cette personne précisa que le fonctionnement de son exploitation était financé par les subventions européennes ou autres. A un moment ou notre gouvernement aux abois parce qu’enfermé dans une logique économique sans issue, parle de vente à perte (ce qui est interdit par la loi, tout de même) sur les carburants (pense-t-il, s’épargner un épisode « gilets jaunes « à la puissance décuplée par l’inflation et autres augmentations injustifiables des dépenses indispensables à la vie quotidienne ?), va-ton enfin admettre que nos richesses agricoles sont produites à perte elles aussi, pertes compensées de la pire des manières par des coupes sombres dans la rémunération du travail paysan.
Je parle ici des paysans, pas des industriels de la culture et de l’élevage qui sont d’abord des financiers connaissant les arcanes du système au point qu’ils parviennent sans mal à capter la majorité de ces fameuses subventions détournées de leurs objectifs initiaux d’équilibrage.
Bien sûr, nous connaissons tous des agriculteurs qui « s’en sortent », mais à quel prix ? De trouver une culture de niche, d’en distribuer eux-mêmes le produit pour sauver un peu de plus-value, de travailler tant et plus, de vivre souvent loin de tout et de la vie du reste du monde… Exceptions.
Pour la majorité des cas, nous sommes confrontés à un parfait exemple de capitalisme débridé au point d’avoir réussi à priver les producteurs de valeur de leur part de plus-value ! L’intérêt général de la chaine de production est violé au seul profit de l’intérêt de petits malins sans scrupules, ce scandale ne devant son existence qu’à la stupidité et à l’aveuglement de décideurs politique plus prompts à se laisser embobiner par les sirènes des lobbyistes de tous poils qu’à défendre les intérêts de leurs électeurs. Qui d’ailleurs boudent les urnes de façon croissante au profit de mouvements plus brutaux et d’une dérive idéologique qui rappelle celle des années trente.
Pour moi, ce que cette auditrice épuisée a si bien dit de son funeste destin n’est que l’annonce de ce qui est en train d’advenir dans tous les secteurs d’activités : la disparition du partage de la plus-value du travail. Soit un retour à l’esclavage dans sa version la plus terrible car négligeant le maintien en condition opérationnelle des créateurs de valeur ! La vraie fin du capitalisme déjà bien annoncée par la financiarisation de toute chose y compris des gens qu’on a depuis belle lurette rangés au rang de ressources, comme le pétrole ou la bauxite !
Dans ce monde, il semble que tout se réduise à tomber dans les filets des banques lors de l’achat de matériels hors de prix dont les fabricants ne risquent rien qu’une concurrence bien ordonnée avec leurs semblables et dont la sophistication délirante n’a que pour objet de faire sortir l’homme de l’équation. Nous sommes à deux pas de l’engin autonome guidé par GPS et IA (imposture artificielle) qui relèguera le paysan au musée. Et ceci peut être transposé partout où il y a de la valeur à accaparer.
Imaginez un monde où tous les travailleurs seront des robots fabriqués par des robots : « Le meilleur des mondes » si les humains sont conservés pour le décor, « Terminator » s’ils sont exterminés car inutiles. J’exagère ? Comme dirait le « grand » Staline qui en connaissait un rayon dans la gestion des ressources humaines : « pas d’hommes, pas de problèmes ! »

Oui Daniel, tu as raison ! On croyait l'esclavage aboli. Il revient en force... Comment appeler autrement tous ces emplois rémunérés au plus bas de l'échelle, avec des couvertures sociales réduites où certains risquent leur vie à chaque instant pour livrer des pizzas ou autres en quelques minutes. Mais qui dans tes lecteurs n.a jamais commandé une pizza et ne s'est fait le complice de ce système ? Balayons devant notre porte et refusons ce monde inhumain.