Et si le moteur principal de la Russie de Vlad 1er était tout simplement la peur de disparaitre dans les oubliettes de l’histoire ? C’est une hypothèse qui en vaut d’autres tant on est dérouté par ce qui se passe côté est de l’Europe.
A la chute de l’URSS, minée par ses propres contradictions et par la course à l’échalote avec les USA, la Russie qui trônait au centre du monde en brandissant un modèle réputé s’opposer avec succès à l’american way of life, s’est trouvée reléguée à ses confins, ne valant pas plus cher que ce que ses anciens apparatchiks devenus oligarques avaient bien voulu laisser à des institutions inadaptées et à une population spoliée de tous ses droits et acquis.
D’où une solide gueule de bois doublée d’une rancœur irrépressible vis-à-vis du clan occidental, vainqueur par forfait (cf. « La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch, 2013).
Brutalement reprise en main depuis le début du siècle par un Vlad pas encore premier mis au pouvoir par son ivrogne de prédécesseur, elle n’est pas parvenue à retrouver son aura d’antan, pas plus que de se sortir de son économie fondée sur l’exploitation de ses ressources naturelles et la production d’armes en tous genres, pas chères et rustiques. Etat de fait aggravé par la rapide montée en puissance d’anciens alliés et clients tels que l’Inde ou la Chine et aussi par la méfiance des pays dits frères, qu’elle avait écrasé de son joug durant des décennies et qui s’étaient rués dès que possible dans le giron de l’Union Européenne et pire, de l’OTAN.
Alors, comment faire ? En rabattre et accepter son destin ? Se rebiffer en devenant une super Corée du Nord ? Ou pire ?
C’est le pire qui est advenu, à la différence de la Corée du Nord qui n’a toujours pas attaqué son ennemi naturel depuis 70 ans de face à face, la Russie a choisi de passer aux actes contre son voisin, l’Ukraine, accusée de tous les maux et de développer ainsi une capacité de nuisance la replaçant au centre du monde, bien assise sur ses cinq mille et quelques têtes nucléaires dont il ne faut pas douter qu’un certain nombre soient encore en état de marche…
J’emmerde, donc je suis ! Je mens tout le temps, mais à vous de le prouver ! Je casse tout comme un gamin en rogne mais pas question que vous en fassiez autant chez moi, j’ai la Bombe !
Pardonnez-moi ce langage peu orthodoxe, un comble, qui reflète cependant bien ce qui se passe.
Le but de guerre de Vlad 1er, car il en faut un, est bien de remettre la Russie au centre du monde même si elle n’en a pas les moyens, en tordant le bras à la cruelle réalité de sa décrépitude. C’est une question existentielle, tous les moyens sont bons.
Un tel but avec Vlad 1er à la manœuvre, augure d’une menace récurrente, il n’a pas le moindre état d’âme, il se fout de son peuple qui n’a même plus le ressort de se rebiffer, abruti pas des siècles de servitude et de souffrances.
Il y a fort à parier que cette agression transformée en guerre sainte par une propagande aussi éhontée qu’efficace, ne vienne renforcer les rangs des amateurs de causes perdues et de ceux qui bombent le torse en voyant leur maitre se moquer de la planète entière.
Il monte sur ses grands chevaux lorsqu’un misérable missile ukrainien tombe sur le sol de la Sainte Russie alors qu’il saccage méthodiquement l’Ukraine, il s’obstine dans sa blitzkrieg devenue guerre de tranchées alors qu’il est embourbé face à une résistance inattendue et farouche, il parade avec ses amis de l’ONU des autocrates toutefois encombrés de cet allié jouant avec un bâton de dynamite allumé, il joue au maitre-chanteur avec les exportations de céréales indispensables à la vie de multitudes lointaines, il mobilise son peuple avec le concours zélé d’une police qui accompagne jusqu’aux casernes ceux qui vont mourir pour lui seul sans le saluer.
Ceux-ci se revoient vivre dans la gloire de la défunte Union Soviétique, servie par un leader idéalisé, ils ne sont vraiment pas déçus !
Oui, Vlad 1er ne rêve que de ça, dépasser Staline ou rien. Pauvre Russie, éternelle opprimée.