Qu’est-ce que j’entends par là, coup d’état rampant ?
Un coup de canif constant contre la participation des citoyens à la vie politique du pays. Mais encore ?
Beaucoup de petites choses anodines observées indépendamment mais qui, une fois empilées et synthèse établie, dévoilent une situation inquiétante pour nous, pour la démocratie, pour l’apaisement social… Il apparait clairement que nous cheminons sournoisement vers un totalitarisme économique sécurisé par la tentation autocratique naissant inéluctablement de l’exercice prolongé du pouvoir.
Je parle de totalitarisme économique car, à la faillite des grandes idéologies et au cul de sac des pouvoirs séculaires religieux, a succédé dans les années 70 un courant qui n’a fait que s’amplifier grâce au zèle de nos élus égarés comme nous par une propagande aussi massive que subtile, au moins au début, en faveur d’un monde régi par les seules règles du grand marché libre entre individus libres. Un truc de science-fiction qui n’existe pas dans le monde réel mais qui nous a été si bien vendu que nous sommes tous tombés dans le panneau.
Nos élus, parce qu’ils ne pensaient qu’au meilleur pour leurs électeurs, au sortir d’une période faste, juste retour de prospérité après les années de guerre, mais qui était en train de s’étioler et qu’ils se devaient de relancer. Bonne intention qui les précipita dans les griffes de la machine à accaparer, aux attraits immédiats si tentants, qui parvint à cacher son vrai visage jusqu’au moment où, corruption aidant, elle était devenue indéracinable.
Nous, parce que nous étions lancés sur une trajectoire de croissance du bien-être, du confort moderne comme disaient les publicités des années cinquante et soixante et qu’il semblait impossible que cela s’arrêtât ! Dont acte, la course au meilleur des mondes possibles se poursuit même s’il y a maldonne sur le monde en question…
Le temps passant, le système adopté comme portant d’un avenir riant devenant de plus en plus exigeant en rémunération et en inhumanité, nos dirigeants, convaincus par je ne sais quel tour de passepasse, de ceux qui vous déconnectent les neurones de l’entendement, se sont mis à donner des coups de canifs au contrat républicain en inventant le concept génial de « crise », espèce de purge qui permet de faire avaler n’importe quoi à n’importe qui.
De crise il n’y a point, ce n’est qu’une stratégie du système pour imposer un accaparement librement consenti grâce à son apparente crédibilité. Nous nous imaginions bienheureux de bénéficier de telles largesses de la part de nos maitres jusqu’à ce que la conjonction de leurs abus et de la sagacité d’un nombre de plus en plus important de citoyens ne mette en lumière la réalité du pillage de la société.
A partir de ce constat, la suite s’imposait d’elle-même : la diarrhée législative est devenue telle que nombre de mesures scélérates échappent au commun des mortels, deviennent lois de coercition qui limitent doucement mais sûrement nos marges de manœuvre et nos libertés individuelles.
L’urgence aidant, ces manœuvres se sont accompagnées d’un endurcissement du comportement des responsables politiques qui, poussés par leurs commanditaires occultes, sont passés du canif au sabre dans le plus grand mépris de l’intérêt général, s’imposant en force à la moindre opposition.
Ils nous mènent ainsi tout droit à l’autocratie, préparant le terrain à plus malin qu’eux, qui attend son heure dans l’ombre et le silence, savourant l’imbécilité crasse de ceux qui font campagne à son profit.
Je ne serai même pas surpris, lorsque cela sera arrivé et avant que je ne sois coffré pour déviance politique, de constater que nombre de ceux qui lui auraient si bien préparé le terrain, s’empresseraient de rester dans sa lumière brune et de collaborer au pire, comme d’autres l’ont fait par un passé peu glorieux de faillite nationale. Au moment où liberté, égalité, fraternité, sont devenus travail, famille, patrie. En arriver là après les Lumières, tout ça pour rien…

Je doute de ta devise travail, famille, patrie.
Le travail, il y en a de moins en moins et il y en aura de moins en moins avec l'intelligence artificielle et le revenu universel qui revient régulièrement dans le débat.
Avec un couple sur deux qui divorcent et de nombreux couples non mariés, la famille a du plomb dans l'aile.
Quant à la patrie, il n'en subsiste pas grand-chose...