Cela fait un bon moment que je m’intéresse aux progrès du séquençage de l’ADN. Bien loin des premiers balbutiements d’avant 1980, cette technique permet de décrire l’ordre d’enchainement des nucléotides (adénine, cytosine, guanine, thymine) sur un fragment d’ADN, cette première avancée ayant été grandement améliorée par d’autres protocoles pour finir par décrire le génome complet d’une espèce donnée. SI vous voulez en savoir plus, Wikipédia sera d’une grande utilité mais attendez-vous à du solide, à ne pas lire distraitement en pensant à la météo du lendemain… Houlà là…
L’intention première des chercheurs était de rechercher des causes génétiques à diverses maladies, à travailler sur l’hérédité et surtout à comprendre comment la vie pouvait apparaitre d’un enchainement particulièrement complexe de molécules.
Puis le champ de recherche s’est élargi à la paléontologie avec des résultats spectaculaires éclaircissant sur tout le vivant, des filiations, des cousinages, des migrations, etc. Une révolution en marche, remettant beaucoup d’idées en question grâce à des méthodes dignes d’une enquête policière.
Et c’est là que le séquençage a mis le doigt dans un engrenage séduisant en ce qu’il permet de confondre sans difficultés toutes sortes de délinquants, mais aussi dangereux par la multiplication des laboratoires le maitrisant et la baisse vertigineuse de son coût.
Depuis un certain temps, de grandes campagnes de séquençage de populations entières à but statistique ont lieu, créant des bases de données potentielles pour un pouvoir politique qui évoluerait vers une de ces visions de la société à la « 1984 » dont rêvent tous les potentats du globe.
Dans ce jeu tordu, nous sommes d’ores et déjà échec et mat si j’en crois l’article paru dans Charlie Hebdo du 14 juin 2023, qui décrit la découverte, par hasard en quelque sorte, du fait que nous dispersons de façon infinitésimale et façon puzzle, de notre ADN partout où nous évoluons, mais que les techniques actuelles sont déjà capables de déceler !
Je suis admiratif de l’imagination des humains pour inventer tout et son contraire depuis qu’ils ont levé le nez vers les étoiles, mais là, je ne vois pas comment nous pourrons échapper aux traitres panaches que nous trainons comme des comètes leurs queues !
Dans le monde qui s’annonce, plus possible de se cacher, de mentir, la technique nous mettra la main au collet sans coup férir. Si c’est déjà insupportable au plan individuel, cette méthode interdira de fait toute manifestation collective, ceux qui s’y aventureront se verrons présenter la note dans la foulée !
Je n’ose pas imaginer l’orgasme sécuritaire des autocrates de toutes sortes, y compris de ceux qui prétendent ne pas en être et qui nous vendent de la sécurité contre nos libertés.
On nous dit que ce sera encadré, qu’on va légiférer sévèrement, qu’on ne fera pas n’importe quoi, la rengaine habituelle servie à toute occasion de ce genre. Mais comme les pouvoirs politiques sont éphémères, que les lois sont faites pour être abrogées voire violées et surtout que ces dispositifs qui existent à présent seront fatalement utilisés suivant la loi d’airain qui conduit les possesseurs d’armes à s’en servir à toute occasion, notre horizon s’assombrit singulièrement…
Les naïfs diront comme d’habitude que seuls les déviants seront concernés, oubliant qu’ils ne maitrisent pas du tout la notion de déviance. Il y a de quoi s’inquiéter à constater par exemple qu’un pouvoir démocratiquement élu, ici même, est capable de s’en prendre à des gens qui tentent d’alerter sur le danger collectif du dérèglement climatique et de l’épuisement des ressources dont une majorité d’entre nous a conscience sans savoir comment sortir nos dirigeants d’un déni de réalité et de démocratie faisant office de programme politique ! S’il continue à interdire toute manifestation contraire à ses décisions, comment pourra-t-on s’opposer sans multiplier les arrestations, dénoncés par notre propre ADN ? Open bar pour la dictature.