Au cours de la période d’élections législatives suivant celle du président de la République, j’avais beaucoup souhaité une assemblée disparate couvrant tout le champ politique de notre pays.
Vœux exaucé ! Les dieux du capharnaüm et de l’éloquence m’ont entendu !
Non pas que j’aie souhaité que ces lieux vénérables soient réveillés en sursaut par un tumulte disparu depuis trop longtemps… Enfin, si, un peu.
Je voulais simplement que la vie politique reprenne des couleurs, que les décisions qui seraient prises par nos élus reflètent justement un compromis acceptable pour qu’une majorité puisse les voter.
Grand changement par rapport à l’exercice lénifiant d’une pensée unique imposée par le canal de députés godillots majoritaires, priés de ne pas en faire trop et de ne pas perturber la marche du gouvernement en place ! Une forme de totalitarisme mou.
Apparemment, je suis servi, les débuts de la nouvelle magistrature sont tonitruants. On y a même vu des alliances aussi éphémères que stupéfiantes. Peu importe, ça débat, ça discute, ça s’agite, en un mot, ça ne roupille plus !
L’intérêt général sera un peu plus pris en compte ainsi, pourvu qu’on ne s’attarde pas trop sur le port de la cravate ou du bluejean ! Les conservateurs fanatiques du trois pièces cravate doivent accepter de voir surgir des énergumènes habillés comme tout le monde. Il est vrai qu’en bons professionnels de la politique en chambre, ils ne sont pas trop habitués à en rencontrer au quotidien.
Le second mandat du président jupitérien débute ainsi très fort, dans un contexte intérieur et extérieur bien plus incertain qu’il y a cinq ans, avec de plus la contrainte de devoir s’adapter à une contestation permanente de ses décisions. Il va devoir apprendre à exercer le pouvoir en partage avec des majorités variables et volatiles, finie la navigation en solitaire.
Certains hurlent au loup, jugeant que le pays est ainsi ingouvernable. A voir comment se passent les choses dans de nombreux pays plus habitués que nous à ce type de fonctionnement, l’argument ne tient pas, fondé qu’il est sur le très français tropisme de la confiscation du pouvoir vers le haut. Il est urgent d’adopter d’autres attitudes plus conciliantes avec des avis divergents et de vite retrouver la boussole de l’intérêt général.
Je ne doute pas que cette situation nouvelle ne fera pas l’affaire des lobbyistes de tous polis, des petits arrangements entre amis et autres privautés douteuses, au risque contraire de réveiller les nouveaux venus des bordures de l’hémicycle ainsi unis dans le noble dessein de nettoyer les écuries d’Augias !
Bon, cela ne sera peut-être pas si beau que je l’affirme, mais il y aura tout de même un mieux dans la prise en compte d’opinions beaucoup plus disparates. Et par suite, pourquoi pas, un nouvel attrait pour la vie politique et un retour des électeurs vers les urnes ? Observons…
Je pense que cette configuration inhabituelle ne pouvait pas mieux tomber, l’agitation permanente de l’Assemblée absorbant une partie de celle de la rue. Le président aurait, à mon avis, payé cash à coups de gilets jaunes, une majorité aux ordres comme la précédente. Cette fois-ci, les contestataires ont des gens dans la place, le débat n’est pas tué dans l’œuf. Espérons…
Et pour terminer, un vœu pieu : après s’être extirpés des vaines querelles de cravates, que nos députés sortent du déni de réalité en tournant le dos à des mesures relevant de la provocation sociale (du genre réforme des retraites), pour se concentrer sur celles, de plus en plus urgentes et indispensables, devant contrer les dérives du système économique en vigueur et leurs conséquences mortelles sur les ressources et le climat de la Terre ainsi que sur ses habitants. Dans cet ordre-là, sans confondre la cause et les effets !
Le premier pas est toujours difficile, même avec le couteau sous la gorge. Commençons…