« Hou hou ! Y’a quelqu’un ? Hou hou !? »
Je fais référence aux dessins de Vuillemin dans le Charlie Hebdo du 9 mars, qui met en scène un Macron pestant après Vlad 1er qui ne répond que « Niet négociation ! » à chacun de ses arguments. La dernière image montre un magnétophone style années 60 posé près du téléphone du tsar absent.
Ainsi va le calvaire des Ukrainiens courant en zigzag sous les bombes et celui de l’armée russe clouée à l’entrée des villes à coups de lance-roquettes anti-char ! D’où recours sans freins à la politique du pire, l’écrabouillage sans discernement par une artillerie russe pléthorique.
Combien de temps ce jeu de cons va-t-il durer, nul ne le sait, l’ordonnateur des festivités est aux abonnés absents. Il a peut-être attrapé cette Covid qu’il redoutait tant ?
Quoi qu’on pense d’eux, bon courage et merci aux dirigeants européens qui s’acharnent à ne pas perdre le contact avec le magnétophone, comptant sur la fin de la bande pour enfin avoir un être vivant au bout du fil.
Cette mascarade, caricature de la négociation commerciale enseignée dans les meilleures écoles de commerce, pourrait faire rire si elle n’était pas accompagnée de comportements infamants dont les conséquences terribles pour les dirigeants russes vont en sens contraire de la résolution de la crise. A croire qu’ils se sabordent en direct, en même temps que le peuple ukrainien et les combattants des deux bords.
Nous constatons une fois de plus le danger de la conception verticale du pouvoir, fut-il issu d’’une élection populaire. Celui qui en hérite, s’il n’est pas canalisé par des dispositifs de contrôle et de modération, peut dériver très vite vers un exercice absolutiste dont les suites sont directement proportionnelles à sa seule mentalité, à ses seules convictions et conduire au pire si la personne est de nature implacable et si de plus, elle ne craint rien pour son maintien aux manettes.
Nous connaissons bien cette manière de gouverner, la Cinquième République étant devenue une sorte de monarchie élective où l’élu du peuple prend la main sur tout, débordant facilement ce qui peut contrôler son action surtout lorsque le Parlement est en grande partie à sa botte. Et lorsqu’on est élu en réalité par moins de 20% de la population, ça crispe la société !
Ceci dit, des négociations menées par des gens parvenus au pouvoir un peu de la même manière bien que dans des contextes différents, manque par construction de la richesse de différents points de vue et autres angles d’attaque. Surtout lorsque l’enjeu est en grande partie de se dépoisser d’un bourbier inattendu en sauvant la face. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il est fier, Vlad 1er. Et cesser d’imaginer que nos manières de voir le monde sont universelles : autre pays, autres mœurs !
Aujourd’hui, le président français, le chancelier allemand, les européens en général, en sont-ils capables, comme parties prenantes ficelées par des impératifs nationaux jaloux ?
Il manque cruellement dans cette histoire d’un intermédiaire de poids qui pourrait en imposer et surtout veiller à la conservation du fil de paroles, qui pourrait proposer des ouvertures que les compétiteurs s’interdisent.
Qui pourrait endosser ce rôle aujourd’hui ? Qui est assez éloigné des enjeux et des gesticulations pour s’imposer comme un « go-between » capable d’aller plus loin que de faire passer des messages, jusqu’à imposer les plus sages ? Le nouveau président du Chili, qui doit s’y connaitre pas mal en matière de despote ? Mais bon, il a du boulot chez lui, déjà. Alors, à part un martien, je ne vois pas, tant soi qu’il en existe de non-belliqueux, la littérature de science-fiction étant plutôt mal orientée à cet égard !
Cependant, même si la crise coure toujours, il est déjà temps de nous poser de grandes questions existentielles, à propos de vulnérabilité économique intrinsèque au système néolibéral mondialisé, de la diversification des ressources énergétiques au-delà des changements de fournisseurs, de notre capacité hypocrite à traiter certains réfugiés plus également que d’autres moins bien nés, de la fatalité à ne parvenir à se bouger que face à une catastrophe pendante, qu’on avait pourtant vue venir de loin, de notre incapacité totale à nous défendre d’une agression lourde par les armes que nous savons si bien fabriquer et vendre afin qu’elles soient utilisées le plus loin possible de chez nous, où je doute qu’une réaction populaire type armée de Valmy soit encore possible vu la décohésion sociale et la disparition corps et bien du concept d’enjeu !
Il y a du boulot. Merci de nous avoir secoués, Vlad ! J’espère que ce soufflé-là, qui nous diverti déjà des vrais grands enjeux auxquels l’Humanité doit faire face, ne s’effondre pas comme celui de la Covid soudainement vouée à disparaitre tout comme la campagne présidentielle, et ne laisse pas à nouveau la place au grand déni de réalité adopté en mode de gouvernement depuis trop longtemps.

La Vème République est devenue ce qu'elle est le jour où le quinquennat a été adopté et où il a été décidé que les législatives suivraient la présidentielle avec pour résultat une assemblée nationale "aux ordres". A quoi bon désormais d'avoir 577 députés dont le rôle se borne à enregistrer les décisions prises au Palais, par un seul homme élu par une toute petite minorité de citoyens ? Et que dire de la prochaine élection dans le contexte que nous connaissons tous ? A ce jeu, attention au 5ème tour : après les deux tours des présidentielles, les deux des législatives, celui de la rue. Les incidents en Corse en sont peut-être la préfiguration...

Entièrement d'accord, tout à été petit à petit organisé pour en venir à un blocage du pouvoir durant cinq longues années.
Les espoirs déçus de l'après-Covid, sa fin en queue de poisson, la hausse délirante et TOTALement injustifiée du carburant, la confiscation de la campagne présidentielle par une opportune pétoche nucléaire, j'en passe et des meilleures, nous promettent des lendemains pour le moins houleux, surtout avec un président qui aura surtout montré durant cinq ans son allégeance totale au néolibéralisme le plus débridé. Car il sera réélu, sauf accident, vu l'opposition en confettis. Et s'il ne l'est pas, je crains que son successeur tout aussi illégitimement élu par un pouillème de la population dégoutée des politiques, ne soit tenté par des aventures autrement inquiétantes...
A minima, espérons que président et assemblée ne s'accordent pas.