Le nucléaire est l’avenir de l’homme, à en croire le grand chef à plumes.
Ou bien, c’est un genre de sparadrap du Capitaine Haddock ! C’est selon…
Bizarrement, lorsque les autorités des pays développés parlent de l’énergie de demain, personne ne place jamais en préalable une remise en question des modes de vies de leurs habitants, pas plus que des modes de production de l’énergie.
Bizarrement, les solutions présentées comme les seules viables relèvent toujours des grandes messes technologiques, de celles qui poussent les puissants de l’économie à une extase quasi religieuse !
Pour remplacer les usines à gaz et à charbon, quoi de mieux que les usines à fission et, nec plus ultra, à fusion ? Et pour le tapis sous lequel on planquera les dégâts, on repassera…
Malgré quelques avertissements avec beaucoup de frais, la leçon ne semble pas encore assez rude, on continue à s’esbroufer avec la certitude stupide et dangereuse d’une sécurité absolue. Folie, ces engins nucléaires sont si complexes qu’il est complètement impossible d’en prédire les errements potentiels sauf à s’en remettre à des statistiques et des probabilités.
Ce ne sont pas les premières constructions humaines impossibles à sécuriser à 100%, ce qui fait débat dans ce cas, ce sont les conséquences d’un événement funeste, sur le pays touché, sur l’environnement mondial, augmentées de l’impossibilité de revenir vivre sur les lieux pour d’innombrables années.
J’ai déjà parlé ici des alternatives possibles, même à court terme, à condition de s’y mettre tout de suite. Mais non, on continue à maintenir un statut quo délirant pour sauver un secteur d’activité réputé stratégique aux dépens d’autres savoir-faire plus communs mais moins juteux et de l’adoption de comportements un peu plus frugaux.
S’il fallait encore le démontrer par l’absurde, l’économie dans sa forme de machine à profits, l’emporte sur la politique et l’intérêt général. Pas moyen de se défaire de ce tropisme, on revient au sparadrap du Capitaine Haddock, on a l’impression de tout faire pour s’en débarrasser, mais coucou, le revoilà !
La grosse machine n’entend pas se voir contester un pouvoir illimité sur nos destins de consommateurs et si nos poches se vident ici, elle replante ailleurs à coup de mensonges qui font rêver ceux qui ne vivent pas encore comme nous, au-dessus des moyens de la planète.
Cette absurde course aux profits à tout prix semble impossible à arrêter en l’état des moyens à disposition d’une humanité dont la marche naturelle vers le progrès de sa condition a été remplacée par une course à l’échalote qui lui cache le gouffre où elle se précipite.
C’est cette confusion soigneusement entretenue entre les progrès de l’humanité et ceux de l’économie qu’il faut combattre férocement. Remettre l’économie à sa juste place d’un composant parmi bien d’autres, pas plus, ne plus la laisser tenir le crachoir en bâillonnant tout ce qui ne lui ressemble pas.
Dans ce contexte, je crois qu’il sera alors possible de consulter directement la population sur une orientation stratégique aussi engageante que la détermination d’une politique énergétique future, après l’avoir clairement et honnêtement informée des tenants et aboutissants. Une telle décision ne peut pas être confisquée par une poignée d’experts et de dirigeants politiques, même s’ils sont censés représenter la population. Elle doit être fondée sur des bases solides et vérifiables par tous pour être admise, quelle qu’elle soit. Elle doit être envisagée dans le temps long, avec des objectifs d’étape intelligibles. Elle ne peut découler que d’une réflexion stratégique collective bien loin de la frénésie à laquelle nos gestionnaires du court-terme ne sont hélas plus habitués.
Mais comment les changer ? La non-campagne présidentielle n’augure rien de bon.