La période est propice à un questionnement sur le monde des jouets.
Les jouets et les jeux ! Le libéralisme sauvage s’est très tôt intéressé à ce marché de fond connaissant chaque année l’acmé de Noël en forme d’orgasme de la société de consommation.
A ce que j’en sais, il existe deux types de jouets et jeux : ceux qui plaisent au premier coup d’œil mais qui n’ont au fond que cette fonction et ceux, plus austères souvent, qu’on n’apprécie qu’en tant que support à l’imagination et à la créativité.
Les premiers, jeux fermés, visent le porte-monnaie sans plus, les seconds, jeux ouverts, se veulent formateurs. Les premiers, vite démasqués, ont tôt fait de rejoindre le coffre des oubliés, les seconds, portes vers d’autres univers, seront usés jusqu’à la corde.
Les premiers séduisent par leur forme et les mensonges de la publicité, sont produits sans nécessité, juste pour produire. Les seconds séduisent au fond, sont un premier pas sur un chemin où l’on aime revenir.
Nous nous souvenons qu’enfant, un simple bâton prenait la forme décidée par notre imagination, alors à quoi bon développer des choses si définies qu’elles ne lui offrent plus la moindre liberté ?
Nous nous souvenons aussi de ces jeux de construction offrant des modèles aux allures de figures imposées, histoire d’apprendre les règles du jeu pour après les pousser hors de leurs retranchements et filer librement broder dans le champ infini de l’imagination enfantine.
Rassurons-nous, les choses n’ont pas changé ; les jeux et jouets sont toujours d’indispensables acteurs éducatifs plaçant les enfants dans des situations virtuelles qui les poussent à utiliser sans freins leurs cervelles d’une manière bien différente de ce qu’ils connaissent par ailleurs, à l’école par exemple.
Veillons donc à ne pas céder aux sirènes de la mode ou de la propagande en choisissant l’ouverture au lieu d’encombrer les enfants avec des objets aux destins étroits et éphémères, faisons confiance à notre maturité d’adulte et à ce qui nous reste d’enfance pour faire les bons choix mais sans les ensevelir afin qu’ils conservent ces moments de rien et d’ennui si propice à l’autonomie de leur pensée.
C’est difficile, je sais, le système économique poussant à toujours plus sans autre but que d’engranger du chiffre d’affaire facile en surfant sur nos bonnes intentions ou nos culpabilités. Il est toujours là, en embuscade, partout ! Montrons aux enfants que nous savons lui résister…