La démocratie est un régime politique objet de tous les désirs à en croire ce qui se raconte autour de nous. Ceux qui en sont privés en rêvent, ceux qui la vivent oublient vite leur chance, ceux que le pouvoir obsède en profitent. Construction humaine imparfaite par essence, comment expliquer son ambigüité et sa porosité aux pollutions mentales qui mènent immanquablement à tout son contraire ?
Elle est née en Grèce, il y a bien longtemps. Souvenons-nous qu’elle s’appliquait à une société bien différente, composée de citoyens, de métèques et d’esclaves et qu’elle ne s’appliquait qu’aux citoyens, reléguant les autres à des statuts peu enviables. Un système élitiste.
Elle était directe, chaque citoyen étant un acteur de la vie publique, concerné par toutes les décisions collectives. Énorme responsabilité, impliquant une connaissance parfaite des rouages de ce système ainsi que des événements auxquels réagir de façon motivée, pour prendre toute décision dans le respect de l’intérêt général.
L’histoire nous apprend que le fonctionnement de ces démocraties n’était pas pour autant idyllique, les passions humaines l’emportant souvent sur la raison !
Nos systèmes démocratiques sont différents parce qu’ils s’appliquent à des populations citoyennes bien plus nombreuses en des lieux bien plus vastes. Ils sont de ce fait devenus représentatifs, des élus tenant le rôle des antiques citoyens au nom de ceux qui comptent sur eux pour agir conformément au mandat qu’ils leur ont donné.
Dans ce système, chaque citoyen participe aux décisions collectives par son suffrage, en fonction de sa connaissance des tenants et aboutissants. Pas seulement des événements en cours menant à des prises de décisions, mais aussi du contexte général, c’est-à-dire de l’histoire du pays, des mœurs de ses habitants, de leurs croyances, de leurs intérêts.
Cela implique donc que chacun soit éduqué au service de l’intérêt général, parfaitement informé des événements en cours et conscient des conséquences de ses décisions.
C’est là que le bât blesse.
L’éducation familiale est de plus en plus sous-traitée à la télévision ou aux réseaux sociaux par des parents accablés de charge mentale, qui comptent sur une école elle-même maltraitée par le pouvoir politique et une administration qui a pris le dessus sur la pédagogie.
Alors, les nouveaux citoyens, démunis des outils de compréhension du monde, gavés de la propagande dispensée par des médias captifs d’intérêts privés, déboussolés par des contrevérités omniprésentes aux formes dogmatiques (fake-news), dont le temps est littéralement dévoré par les obligations de la vie quotidienne, aussi innombrables qu’elles peuvent être futiles, sont dans l’incapacité de pouvoir voter en toute connaissance de cause. Et donc ne votent pas.
Cette dérive, débutée au moment où l’économie dans son acception la plus extrême a pris le dessus sur la politique, a entrainé une sorte de lavage de cerveau qui va s’accélérant au plus grand profit de ceux qui ne s’embarrassent guère de l’avis d’autrui pour se vautrer dans un pouvoir sans partage.
Alors, la démocratie, un système élitiste ? Bien sûr ! Mais d’un élitisme confisqué aux citoyens qui ont été décérébrés en douce au point de croire aux pires âneries inventées de toutes pièces par un pouvoir mondialisé dictatorial faisant ainsi l’économie de la manière forte pour s’imposer à tous et même passer pour une sorte d’idéal. Très fort !
Et comment en sort-on, de ce marasme ?
En allant voter, allons, courage, contre ceux qui nous ont imposé, petit à petit, le monde dans lequel nous avons perdu toute emprise sur notre avenir.
Mais y a-t-il des candidats contre ? Je cherche, je cherche…