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Source : CNIL

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SUJET : Debout les femmes !

Debout les femmes ! 13 Déc 2021 18:08 #2263

Je suis allé voir « Debout les femmes ! » de François RUFFIN et Gilles PERRET, projection suivie d’un débat animé par la mouvance locale de Fakir et par quatre représentantes des femmes mises en avant dans le film. Beaucoup de questions et aussi d’applaudissements d’une assistance composée essentiellement de gens aux cheveux gris ou blanc, acquis par construction à la cause de ces femmes.
Peu de plus jeunes, de ceux qui sont dans la vie dite active et bien moins concernés par les services offerts par ces femmes – et aussi des hommes ! - invisibles à qui ne veut pas les voir.
Au-delà de ce que nous avons entendu dans le film et discuté au cours du débat, en évoquant de telles évidences au point d’avoir l’impression d’enfoncer des portes ouvertes, je m’interroge sur les causes profondes de ce curieux déni d’existence.
Osons dire que le monde à cet instant, est composé de deux parties, celle qui produit de la valeur et celle qui n’en produit pas. Je parle bien de valeur au sens capitalistique du terme, de valeur marchande, de celle qui permet de générer des plus-values à se disputer dans le conflit permanent, cœur de ce système, entre les travailleurs et ceux qui possèdent les moyens de production.
Les gens évoluant dans la sphère des services à la personne produisent en fait de la valeur sociale qui n’entre pas dans le Grand Marché capitaliste. Mais ce système, qui s’accommode fort bien qu’un nombre immense d’autres gens le servent sans produire directement de valeur marchande (ceux employés à orchestrer la captation de la plus-value, par exemple !), étend bêtement l’application de sa loi d’airain hors de son champ d’action, déshumanisant au passage dans un contresens délirant, les relations humaines les plus indispensables à la pérennité de la main d’œuvre qui le fait vivre !
Ainsi le service aux personnes est maltraité d’une manière telle qu’elle ne peut même plus faire débat tant les arguments avancés sont absurdes et hors de propos. Ceux qui produisent cette valeur sociale ne peuvent en aucun cas être enfermés dans des plannings toujours plus serrés dictés par des principes comptables totalement inadaptés : ceux qui les ont imaginés comprennent-ils ce qu’ils font, ont-ils conscience des dégâts causés à une relation contrainte par le chronomètre ? Que s’occuper d’une personne vulnérable n’a rien à voir avec le montage d’une automobile ou d’une machine à laver ? J’en doute !
L’économie a pris le dessus sur tous les autres champs composant la société, au point que le fric est infiltré partout et surtout là où il ne devrait être qu’un moyen et non pas une fin : la santé, l’éducation, la défense, en bref, tout ce qui relève de la vie quotidienne des gens qui la composent et qui, en contrepartie de tous ces bienfaits, sont prêts à la défendre coute que coute, fut-ce au prix de leur vie.
Si on s’en tient à la mécanique capitaliste, les gens produisent de la valeur avec leur temps de travail. Cependant, contrairement à ce qu’un certain mode de pensée cherche à nous imposer, cette valeur n’est pas toujours marchande, elle est aussi sociale, patriotique, culturelle…
Dans cet univers, la spécialisation des uns favorise le travail des autres et en ce sens, l’économie n’est qu’un rouage parmi d’autre, qui grippera si les autres grippent.
Pour toutes ces raisons, je pense que le service à la personne doit sortir de la plus-value capitaliste et donc des lois du marché, pour intégrer les coûts fixes, ceux qui ne se discutent pas. Comme tout ce qui relève de la vie quotidienne d’ailleurs.
Ceci bien accepté, il serait possible de convenir d’émoluments homogènes, de conditions de travail à même d’assurer la pérennité et l’attractivité de ces métiers indispensables et que chaque société intègre à sa façon, suivant ses propres valeurs. Le prix à payer de bonne grâce pour que tout le reste ne s’effondre pas à la longue, qu’être malade ou vieillir ne devienne pas terrorisant.
Pour l’instant, il est stupéfiant que tout le monde soit d’accord sur ce constat accablant y compris le Président de la République, mais qu’il semble pourtant impossible de faire quoi que ce soit pour améliorer les choses ! A croire que nous ne sommes plus câblés pour comprendre une telle situation pas plus que l’évidence des solutions à apporter à une situation contreproductive, même au sens capitalistique !
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