J’évoque régulièrement les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) pour dénoncer leur mainmise de plus en plus étouffante sur l’économie mondiale où ces entreprises s’imposent massivement dans le champ des individus comme les carrefours incontournables des flux d’informations et de marchandises, soit ce qui fait l’âme et le moteur du capitalisme libéral sans contraintes.
Le Canard Enchainé du 4 août revient une fois de plus sur leurs bénéfices trimestriels extravagants, ceux-là même qui m’avaient poussé à réagir il y a peu (« GAFA ton fric » du 1er juin 2021). Mais cette fois, je voudrais aborder un autre aspect des choses, une confirmation d’un état de fait qui n’augure rien de bon pour nous, les pékins moyens.
Vous qui faites encore confiance à ce qui reste de la vraie presse d’information, savez que certains états ferraillent encore contre ces géants en vue de les soumettre à l’impôt ou à sanctionner leurs abus de positions dominantes. Et que quelque fois, ils gagnent devant les tribunaux arbitraux crées à cet effet. Ils gagnent même des sommes, à notre échelle, considérables !
Voici quelques victoires pour remettre du baume au cœur de tous ceux qui combattent la domination sans partage de ces monstres !
Victoires à la Pyrrhus, hélas, car en fait, ils ont gagné face aux États et aux gens qui n’en peuvent mais !
Ils ont gagné car ils ont imposé à leurs contradicteurs une relation de type contractuelle avec son prolongement juridique face à des tribunaux qui jugent en droit commercial, avec tout ce que cela implique de tours et de contours, en parfaite adéquation avec les concepts fondamentaux de l’idéologie ultralibérale qui considère le Monde comme un immense marché entre des individus libres liés par contrat.
Et les États sont tombés dans le panneau, qui n’ont pas su, ou pas pu, ou surtout, pas voulu rester dans leurs domaines régaliens pour s’opposer à ces entités souvent plus puissantes qu’eux mais totalement illégitimes à imposer quoi que ce soit à ce qui représente en droit et en fait les citoyens des pays qu’elles mettent en coupe réglée. Domaines régaliens représentés par les lois, les règlements et la fiscalité.
Nous (je n’oublie pas que l’État, c’est nous !) nous sommes livrés sans combats aux volontés adverses alors que nous avions les moyens légaux ET la légitimité de leur imposer nos lois communes, nos taxes et nos impôts, qui, je le rappelle, n’ont pour objet que de protéger et financer notre société humaine et le bien-être de ceux qui la composent.
Nous en sommes arrivé là par absence de courage politique, conséquence directe et perverse de la professionnalisation de fait de nos élus et dirigeants ainsi affaiblis par une exposition chronique de leurs convictions à l’immense pouvoir de corruption exercé par cette idéologie qui nous attaque si efficacement là où nous sommes les plus faibles comme individus, par l’espoir de posséder toujours plus, de passer devant les autres, d’être des gagneurs ! Et ceci sans dire ce qu’il faudra sacrifier d’humanité et montrer d’inflexibilité pour y parvenir.
En laissant faire, nous permettons aux GAFA et consorts d’accaparer nos richesses communes, mais surtout, de s’emparer de nos âmes.