Ce lendemain d’élections départementales et régionales, il est urgent de s’interroger sur le sens de l’abstention massive et du désintérêt de nos concitoyens pour la vie de la République. Beaucoup de raisons sont invoquées, mais l’une des principales me semble oubliée ou bien, occultée dans les commentaires : le saccage de l’idéal démocratique par ceux qui sont au pouvoir grâce à nous.
Ce saccage est facile à observer et à constater, hélas ! Voici un petit florilège très édifiant !
La crise des gilets jaune s’est provisoirement conclue par la grâce d’une très opportune pandémie alors que sa répression par les forces de l’ordre devenait de plus en plus sévère, aggravée par des sanctions pénales stupéfiantes à l’encontre de ceux qui se faisaient attraper sur le mode de la décimation.
Tous les mercredis, l’excellent Canard Enchainé rapporte avec un délice certain les aléas de la vie des partis politiques et de leurs dirigeants, qui, mis bout à bout, trahissent la caporalisation des élus qui doivent s’en tenir à la langue de bois dictée par leurs communicants sous peine de réveiller et d’exciter un landerneau pour qui tout avis personnel est hérétique. Et de se faire virer de leur parti !
Récemment, de nombreux militaires dont des généraux, ont eu l’outrecuidance de dire tout haut ce que tout le monde supporte tout bas (cf. « Tribune et gesticulations » du 4 mai 2021 »), provoquant une avalanche d’anathèmes et d’excommunications aussi délirante que les tombereaux de haine qui frappent sur les réseaux sociaux tous ceux qui osent brandir un miroir bien cruel à la face obscure de l’humanité (demandez à Mila) ! Et là aussi, la machine à broyer est en route pour clouer le bec aux impudents qui ne suivent pas le courant.
Vous pouvez en rajouter, il y a encore du stock !
Pour ma part, je souhaite seulement établir un lien entre ces événements divers et variés.
Ils sont la manifestation d’un exercice jaloux du pouvoir qui ne tolère aucune opposition et pire que tout, du haut de sa tour d’ivoire, a totalement perdu de vue que le principe démocratique de notre République est fondé sur le débat.
Ce pouvoir jaloux s’exerce à tous les niveaux de responsabilités, créant d’innombrables conflits dans lesquels la vie politique du pays est enferrée, comme paralysée et réduite à des conflits d’intérêts partisans, interdisant toute idée nouvelle ou initiative originale. Le mépris de l’intérêt général rejoint des sommets dignes de ceux d’une époque de royauté absolue et divine.
Oser dire ouvertement ce qui se passe dans notre pays est compris par ce système inique comme une atteinte grave à son existence qu’il a le culot de lier à nos institutions, son arrogance est devenue telle qu’il n’imagine pas une seconde que la réalité de plie pas à ses vœux et projets. Sa norme est loi.
Hélas, plus il s’arcboute sur cette croyance messianique en son pouvoir sur le monde, plus le monde lui résiste et plus il en rajoute sans comprendre ce qu’il se passe vraiment ! Il nous entraine dans une véritable course à l’abime.
J’ai déjà dénoncé ici la pesteuse confiscation du pouvoir vers le haut ainsi que la volonté sournoise de transformer les forces de l’ordre républicaines en milice aux ordres du pouvoir en place ! Mais aussi le scandale de vouloir clouer le bec de toutes les oppositions en leur reprochant ici leur violence, là leur manquement à des obligations non fondées légalement, entre autres !
Il est dans ce pays une force centripète qui tend à tout ramener au monarque du moment et à imposer une pensée unique incontestable, ennemie de tout courage politique. Toute tentative de réforme omettant de s’en défaire en premier lieu, est vouée à l’échec tant ce tropisme est ancré en nous !
Vous savez comme moi que le salut se joue sur le long terme, par un retour de l’état auprès des citoyens, par la priorité absolue donnée à l’éducation et à l’instruction égales pour tous.
Mais qui franchira le Rubicon quitte à ruiner sa carrière politique telle qu’on l’envisage ici ?