Après un interminable trainage de pieds, nous assistons depuis quelques années à un renversement assez étonnant dans les comportements des groupes multinationaux, fleurons du néolibéralisme aussi débridé que triomphant. Un renversement concernant ce qui touche à ce qu’on regroupe sous le terme cargo d’écologie.
Amusez-vous à feuilleter les innombrables revues dites « grand public » de façon assez méprisante, qui véhiculent des préceptes consuméristes allant dans le sens des intérêts bien compris des multi milliardaires qui se les sont petit à petit appropriés. Vous y découvrirez de pleines pages colorées de publicités vantant les mérites des véhicules électriques, de l’électricité verte, de la bonne bouffe bio et que sais-je encore, le tout étiqueté des même logos rappelant aux plus méfiants la lourde hérédité de leurs annonceurs !
Stupéfiant. Tout change dans la forme pour que rien ne change dans le fond …
Allons un peu plus loin que cet écume des choses, allons voir sous le tapis.
Les véhicules électriques : belle initiatives pour contrer les émissions des gaz à effet de serre ! Cependant, pour les fabriquer, si les usines automobiles n’ont pas de peine à se recycler, on a besoin d’un tas de métaux plus ou moins rares qu’il faut aller traquer en des lieux qui n’avaient pas encore été ravagés et qui font connaissance avec les joies de l’exploitation industrielle. Pour les animer, il faut des batteries dont la fabrication conduit aux mêmes effets aggravés par l’immense difficulté de leur recyclage si toutefois il est possible, sans parler de la production d’électricité pour les charger, dont les processus sont connus dans leur lourdeur et leur poids sur l’environnement !
Les éoliennes : engins miraculeux de haute technologie assez rentables s’ils sont bien situés ce qui n’est pas toujours simple eut égard à un certain nombre de vents contraires si j’ose dire. Ils souffrent cependant du même mal que les centrales nucléaires dont personne ne s’est soucié du coût de démantèlement ! Une énergie peu couteuse parce que son prix de revient est amputé d’un grande part de son coût écologique et financier à long terme. Une imposture, donc.
Les capteurs solaires : permettant une grande souplesse d’installation, faciles à produire au point que chaque pays devrait pouvoir le faire à contrario du quasi-monopole de fait recherché par la Chine, cependant gourmands en éléments assez rares et toutefois recyclables presque entièrement. Attention toutefois à ne pas recouvrir les déserts de ces surfaces réfléchissantes comme cela commence, au risque de modifier l’albédo (pouvoir réflecteur de la lumière solaire en %) de la planète avec des conséquences inverses de celles causées par les gaz à effet de serre, ce qui nous vaudrait une réhabilitation des énergies fossiles. Mais arrêtez-moi, je délire certainement …
Ne parlons pas pour l’instant d’autres solutions à la crise énergétique, fort intéressantes mais exigeant des avancées théoriques qui restent à mener avec des moyens colossaux et donc du temps, beaucoup de temps … Énergie thermonucléaire, stockage de l ‘électricité par exemple.
Tout n’est pas aussi rose qu’on nous l’assène dans les médias, loin de là. Le problème majeur est le besoin croissant d’énergie et de matières premières causé par nos modes de vie. La fuite en avant dans la recherche de nouvelles ressources ne peut mener qu’à une catastrophe générale et ceux qui en sont responsables par intérêt, cupidité ou indifférence (c’est-à-dire tout le monde), doivent comprendre qu’ils n’y échapperont pas et qu’il est temps de se lancer dans la seule action qui vaille : la remise en question du système économique dominant et de nos modes de vie.
Il nous faut passer du consumérisme à l’économie, du dispendieux au frugal dans une remise en question en cascade touchant tous les aspects de nos vies, un défi extraordinairement excitant que chacun peut relever en se posant de bonnes questions, par exemple : ai-je besoin de tout ce qui dort dans mes placards, d’aller au bout du monde pour m’emmerder sur une plage identique à celles de mon pays dans le seul but de m’en vanter à coups de selfies, de participer au concours de la plus grosse bagnole, pourquoi suis-je forcé de vivre sur un lopin de terre perdu pour me nourrir, dans un pavillon énergivore et mal construit au prix du gaspillage de deux heures de mon temps précieux pour me rendre à mon travail ?
Ne nous laissons pas leurrer par la révolution écologico-technologique qui nous est survendue grossièrement à coups de publicités, dont le but consiste à ce que rien ne change pour ceux qui profitent de notre naïveté et sacrifient notre avenir commun à leur cupidité ! Au contraire, afin de contrer ce parti-pris et la complicité de nos institutions (la grande tromperie de la Convention Citoyenne !), pour commencer enfin, imposons à nos mentalités l’évolution indispensable pour sauver ce qui peut encore l’être car pour la première fois de notre histoire, pas de personnage providentiel ou de barbu dans les nuages, nous ne pouvons compter sur personne d’autre que nous pour nous construire un avenir durable !

Je ne suis pas certain qu'il faille revenir à l'âge de pierre. Je partage néanmoins une grande partie de l'analyse de l'auteur. Pourquoi effectivement aller à l'autre bout du monde pour se faire bronzer, utiliser des automobiles toujours plus grosses...? L'électrique n'est pas la solution à tous nos problèmes : quid des ressources en métaux rares, du recyclage des batteries, de l'augmentation exponentielle des besoins en électricité pour répondre à la demande lorsque tous les usagers brancheront en même temps leurs véhicules, leurs téléphones et autres objets alors même que le démantèlement des centrales nucléaires souvent demandées conduiront à une baisse de la production ? Revenons à plus de modestie et essayons de faire preuve d'un peu de bon sens. Entre le tout ou rien, il y a une voie assez large pour nous permettre de sortir de l'ornière où nous nous enfonçons.