La vie de notre société ouvre un champ de réflexions immense où on peut facilement se perdre même si on a une petite idée de sa géographie.
Dans ces colonnes, nous nous attachons à réfléchir et à faire des propositions menant selon nous à ce mieux appelé des vœux de tous ceux que l’évolution du monde inquiète au plus haut point.
Ce ne sont pas les derniers événements qui nous rassurerons pour autant !
L’immensité même de la tâche implique clairement qu’on n’en viendra jamais à bout sans une pichenette ou un hoquet de l’histoire.
Pour sortir de cette impuissance, nous devrions peut-être cesser de nous disperser entre mille et une propositions et nous concentrer sur une seule d’entre elle.
Mais laquelle ?
Depuis belle lurette, face à ce genre de situation, j’ai pris l’habitude de classer les options en ordre d’urgence ou de danger. Ou de pertinence. Ça n’engage bien sûr que moi, mais un peu d’ordre ne fait parfois pas de mal dans les orientations d’une décision importante. Nous devons donc concentrer nos moyens d’action sur l’objectif le plus prometteur, créer un « schwerpunkt » pour enfoncer le front !
Dans tout ce que nous débattons ici, émerge à mes yeux une proposition que nous avions dès le départ placée en tête de nos priorités car elle seule peut sonner le retour du courage politique : la réforme du statut des élus et du contrôle de leurs actions.
En effet, et j’insiste fortement, la classe politique professionnalisée qui tient tout en main aujourd’hui, qui joue aux chaises musicales avec les hautes institutions de l’état et les conseils d’administration des multinationales, ne fonctionne plus qu’en circuit fermé, totalement étrangère à la vie quotidienne de la nation, oublieuse de l’intérêt général, carriériste pour raisons de survie. Et humainement soumise à l’abrasion du pouvoir et de ses pires tentations.
Je ne noircis pas tellement le trait. En témoignent le nombre d’affaires lamentables qui la discréditent, la protection par les pairs qui scandalise, la corruption qui la ronge, l’inflation égotique qui l’éloigne du réel ... J’en passe et des pires.
Effort doit être fait sur cette réforme-là, la seule qui puisse permettre les autres qui toutes nécessitent, au point où la mondialisation libérale nous a mené, un courage politique inimaginable lorsqu’on se préoccupe de sa réélection avant toute chose. Elle prend aussi en compte les faiblesses humaines et les tentations auxquelles nul ne peut résister au cours du temps.
En parallèle et en même temps, doit intervenir le renouveau du rôle des assemblées dans le contrôle des actions des élus afin que tout le travail des institutions existant dans ce but ne soit pas comme aujourd’hui, lettre morte, sauf à ce que les fautes soient trop énormes pour être glissées sous le tapis.
A ce moment, et à ce moment-là seulement, nous pourrons espérer qu’il se passe quelque chose même si on ne peut pas savoir dans quel sens cela partira. Au moins, il y aura une vie politique et non plus politicienne.
Reste à savoir comment initier un tel processus de révision de processus aussi fondamentaux que le code électoral et le contrôle de l’action publique … Vu le degré de blocage actuel, il faudra au moins la chute d’une comète ou, allez savoir, un battement d’aile de papillon au bout du monde … Quand même l’Amérique, droite dans ses bottes de cow-boys, se met à partir en vrille, tout semble possible, même le meilleur !