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Source : CNIL

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SUJET : Réactions

Réactions 27 Mai 2020 15:42 #2079

Je voudrais revenir sur les réactions suscitées par mes réflexions sur la réindustrialisation, mot qui apparait avec insistance un peu partout, jusqu’au correcteur automatique de Word, c’est dire !
Tout le monde semble connaitre parfaitement les raisons du pompage de nos usines et savoir-faire vers des bassins de main d’œuvre à bas coût : l’idéologie néolibérale n’avance plus masquée, ses manigances apparaissent dans toute leur horreur et leurs conséquences délitent un peu plus chaque jour notre société.
Cette connaissance découle de la survivance tenace d’un peu de bon sens dans les esprits, qui conduit à se demander par quel mystère insensé on en est arrivé à imposer aux marchandises une vie de globe-trotter à la Tintin histoire de gagner quelques centimes de plus.
Mais attardons-nous plutôt sur ce qui découle de cette prise de conscience.
Si les raisons de remettre en question cette économie de marché poussée à l’absurde ne manquent pas, si de plus en plus de gens la vivent de plus en plus mal, pourquoi ne se passe-t-il RIEN ?
Apparemment, beaucoup d’idées pertinentes sont émises pour sortir de ce marasme, et même des propositions cohérentes et réalistes pour reconstruire nos sociétés naufragées, et RIEN !
En fait, ce ne sont pas les idées qui manquent, mais le courage politique et l’énergie pour les imposer. Car il ne s’agit pas de faire changer d’avis à quelques personnes fourvoyées sur de fausses pistes, mais de démolir un système devenu structurant de nos vies, de notre pensée, de nos relations avec le monde, il faut démolir ce référentiel pour le remplacer par un autre et là, c’est une autre paire de manches.
Pour cela, j’ai déjà proposé quelques pistes dans ces colonnes, à commencer par une réforme du code électoral en vue de remplacer la caste politique professionnelle par des élus issus de la société civile pour un seul mandat. C’est pour moi la seule manière d’instaurer le courage politique en vertu cardinale, l’action des élus n’étant plus parasitée par l’obsession de faire « carrière » et donc de ménager la chèvre et le choux pour être réélu. Il existe certainement d’autre manière de parvenir à ce résultat, peu importe, seul compte le courage en renfort d’un pouvoir temporaire.
A partir de là, les idées, organisées en intentions et idées de manœuvre, pourront se concrétiser, plus personne n’aura la pétoche de prendre les décisions les plus difficiles. Plus question d’avancer sans savoir vers quoi, pourquoi, comment, le gouvernement en réaction devant céder la place à un gouvernement en action vers un objectif connu de tous, les incidents de parcours relevant de la conduite.
Dans le domaine des idées, nous devrons imposer un autre type de « hiérarchisation » des métiers pour mettre en lumière ceux qui soutiennent la vie de la société jusque dans ses domaines les plus repoussants, même s’ils ne produisent pas de valeur, et aussi ceux qui s’exercent dans des conditions de travail difficiles en veillant à ne pas mettre en position de pouvoir des individus tombés du ciel et étrangers au contexte qu’ils doivent régir. Cette révision des aprioris est la condition sine qua non du retour à la cohésion sociale et à la confiance nécessaire à tout projet de reconstruction.
La fenêtre de tir est étroite, les circonstances viennent d’en ouvrir une, inopinément, à un moment où les assauts du néolibéralisme sur les acquis sociaux semblaient irrépressibles. Le temps retrouvé dans des vies habituellement chargées d’obligations a permis à la pensée politique de revenir en avant dans nombre d’esprits, mais ne comptons pas sur une même prise de conscience de la part des tenants du néolibéralisme qui feront l’impossible pour que rien ne change, pas plus que de nos dirigeants bien trop formatés et motivés par le système en cours dont la pérennité est liée à la leur.
Ces derniers nous ont cependant promis monts et merveilles ces dernières semaines, ils ont même dit des choses stupéfiantes et porteuses d’espoir, allant dans le sens que nous souhaitons, aussi, aidons-les activement à ne pas revenir en arrière en descendant dans la rue par millions s’il le faut !
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