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Source : CNIL

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SUJET : Binaire

Binaire 29 Mar 2020 15:59 #2042

Constatant l’incapacité notoire des sociétés dites évoluées et donc occidentales à affronter des crises de grande envergure, sujet sur lequel je reviendrais, je cherche depuis un moment à comprendre comment on en est arrivé là en variant les points de vue.
Au premier abord, il semble que nous ne soyons plus capables de nous entendre, entre les postures indiscutables et les guerres d’égos nourrissant un système de tout ou rien excluant tout compromis.
Historiquement, les différents pays trouvaient toujours moyen de s’entendre, parfois de manière surprenante, parce que le champ des discussions était largement ouvert, les rapports de force et d’influences, les affinités et les antagonismes, pouvaient jouer à fond mais pas seulement, de subtils dosages permettant de trouver des terrains d’entente même après les conflits les plus durs. Ainsi nous avons changé plusieurs fois d’ennemis héréditaires sans parler des alliés inconditionnels.
Que s’est-il passé pour qu’on arrive aujourd’hui à un mode binaire de la relation : celui qui n’est pas d’accord avec moi est contre moi ? Pas de nuance !
Je pense que cette tendance est montée en puissance en même temps que les États-Unis d’Amérique, les USA ! Ce grand pays né au XVIIIe siècle, fait de bric et de broc sur un territoire arraché sans état d’âme à leurs autochtones, s’est petit à petit structuré et développé, cimenté par une idéologie économico-religieuse teintée d’un messianisme prosélyte menant à une vision uniquement morale des relations politiques entre pays. Une vision ne connaissant que deux partis : le Bien et le Mal, nous et les autres, c’est-à-dire ceux qui ne font pas comme nous !
Cette attitude a commencé à devenir prégnante dès la fin de la première Guerre Mondiale, lorsque les USA ont littéralement dicté les conditions du Traité de Versailles aux Alliés alors que les anciens ennemis, le parti du Mal, n’étaient même pas conviés à négocier quoi que ce soit avec le parti du Bien, vainqueur. Sa signature n’a été pour eux qu’un enregistrement, un diktat comme ont si bien su le dire les nazis pour justifier leur course à la guerre et toutes les horreurs commises par la suite !
Plus tard, la politique américaine en Asie-Pacifique, bien secondée par le bellicisme impérialiste Japonais a provoqué une conflagration concomitante avec celle frappant l’Europe. Il est notoire encore que les Allemands et les Japonais étaient jaugés à l’aune du Bien et du Mal et une fois leur compte réglé, ce sont l’URSS et ses alliés qui sont devenus l’empire du Mal. Je continue ? Le manichéisme a continué à faire des ravages avec la guerre contre le terrorisme sans visage mais aussi toutes les mesures de rétorsion prise à l’encontre de pays ne voulant pas se plier devant les Américains, Iran et Corée du Nord en tête ! L’Empire du Mal !
Nous sommes confronté à une idéologie qui va au-delà du simple impérialisme car elle ne se contente pas d’imposer ses lois, ses normes, ses matériels, sa culture, etc. au reste du monde. Il faut en plus qu’elle dispense mort et jugements à l’encontre de tout ce qui n’est pas totalement en phase avec ses visées et autres vérités révélées.
Ne vous êtes-vous jamais étonnés de l’omniprésence de cabinets d’avocats Américains dans des affaires qui ne les concernent pas directement sauf par la présence d’une de leurs entreprises ? De l’alignement des politiques étrangères de tous les pays qui leur ont achetés des armes sur celle du Département d’État US ? De la mainmise écrasante des multinationales du numérique qui nous manipulent à dessein pour mieux nous asservir à leurs algorithmes, des multinationales qu’on devrait plutôt nommer américano-mondiales ! Tous ces moyens concourent à imposer à la planète entière une morale binaire, rigide et rétrograde visant à donner un habillage acceptable à un système concerté de captation du maximum de richesses possibles à ne partager qu’entre élus, ceux qui ont accédé au modèle fantasmé du self-made man, celui qui réussit en écrasant les autres, les loosers, ceux qui n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes s’ils ne sont pas des winners. Tu gagnes ou tu perds. Le Bien ou le Mal, 0 ou 1. Et on se demande pourquoi le numérique prend le dessus sur tout ?
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