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Source : CNIL

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SUJET : Forces de l'ordre

Forces de l'ordre 26 Mar 2020 14:26 #2041

Dans la perspective des dix dernières années, j’observe attentivement depuis des mois les forces de l’ordre et leurs interactions avec la population, tous contextes confondus.
Il n’y a aucune continuité, les rapports passant d’un extrême à l’autre, de l’amour à la haine suivant la nature des événements.
Cependant, une forme d’ensauvagement rampant transparait de plus en plus ouvertement des confrontations de pur maintien de l’ordre, notamment lors des innombrables épisodes Gilets Jaunes, mais aussi et encore plus choquant, lors des récentes manifestations féministes.
Je conçois que ces débordements puissent naitre d’une part de l’épuisement des troupes sur la brèche depuis des mois, sans perspectives visibles d’apaisement et d’autre part des comportements d’une partie de la population adepte du sans limite et des figures libres tous azimuts. Mais pas seulement.
Je suis aussi préoccupé par un autre phénomène beaucoup plus inquiétant, la perte/oubli du sens de la mission des forces de l’ordre de la République.
Je dis bien « les forces de l’ordre de la République », au service des citoyens pour assurer leur sécurité dans le respect de la Constitution, des lois et de l’intérêt général. Je ne parle pas de leur transformation en milices accaparées par le pouvoir en place et agissant pour son seul intérêt.
Les politiques au pouvoir, de quelque bord que ce soit, ont beau jeu de profiter de cet outil puissant qui ne demande qu’à servir, avec son coté service-service, tout en se dédouanant des dégâts en se cachant derrière le brouillard de l’action ou prétextant que nécessité fait loi.
Je constate clairement un réel problème de gouvernance : l’action des policiers ne relève pas de vérités tombées du ciel. Ils obéissent à des ordres pour remplir des missions précises. Donc, s’il y a débordement, c’est que le processus est faussé quelque part. Cherchons donc ce qui dérape.
La formation ? Objectivement, nos forces de l’ordre ne sont pas les plus mal formées du monde, même si l’obsession des économies à tout prix les prive souvent de moyens adaptés à leurs missions.
L’encadrement sur le terrain ? Bien formé aussi, mais déjà ici, la pollution par les intérêts de carrière peut nuire à une prise de décision conforme à une éthique de commandement par construction indépendante de tout parti-pris, pouvant mener à désobéir à des ordres ineptes.
Le commandement ? Composé de hauts-fonctionnaires et d’officiers supérieurs, ils devraient être les garants des intérêts de la Nation et se poser en modérateurs des injonctions gouvernementales trop idéologiquement partisanes. Ce n’est pas le cas, le carriérisme faisant à ce niveau des ravages au point de perdre de vue tout sens commun et surtout celui de leur mission. Le choix est simple : obéir sans discuter et avancer, contester et stagner ou partir.
Les politiques ? Eux servent clairement leurs intérêts électoraux et initient de fait une inégalité de traitement des diverses manifestations qui participe au désarroi des gens de terrain. Le différentiel d’approche des manifestations paysannes par rapport à celles des Gilets Jaunes est patent !
Ajoutons à cela des relations chahutées avec une justice elle aussi à bout de souffle et en manque de réponses hors champ de la répression faute d’autres moyens et vous aurez une idée de l’imbroglio.
Évoluant dans une société morcelée en cours de droitisation d’un côté et de déliquescence de l’autre, les modes d’actions des forces de l’ordre n’échappent pas à un emballement vers l’usage de la force brutale poussés par des exigences de résultats souvent injustifiées et l’exaspération d’une part de la population avide d’ordre et de sécurité.
Il apparait plus qu’urgent d’imposer des moyens légaux permettant aux forces de l’ordre de ne pas devenir le bras séculier du pouvoir aux abois à force de ne pas respecter les citoyens lors de crise qu’il a lui-même provoqué en perdant de vue les lois de la République par idéologie, intérêt autre que général ou tout simplement, pure connerie.
Aux membres des forces de l’ordre de revenir eux aussi à une position neutre conforme à l’esprit plutôt qu’à la lettre de leurs missions, en luttant contre le penchant naturel de répondre aux coups par des coups, en n’étant pas dupe de leur instrumentalisation par le pouvoir en place qui doit renoncer à ce moyen extrême de s’y maintenir.
Je les salue ici bien bas, parfaitement conscient de la difficulté de garder son sang-froid et le cap de l’intérêt général dans un tel chaos permanent.
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