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Source : CNIL
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Je reviens sur la notion de mérite qui sous-tend toute évaluation dans le champ de l’éducation. Et maintenant dans l’entreprise qui, néolibéralisme oblige, s’est ruée dessus pour maintenir les salariés qui la font vivre dans un état d’insécurité permanent en complément d’autres méthodes du même tonneau telles que le nomadisme ou le management à la schlague.
Mérite, mais par rapport à quoi, et comment l’évaluer ? Bonne question à réponses multiples. A l’école, on tente de mesurer le mérite de chacun à rentrer dans le moule commun à seule fin de classer les élèves pour choisir mécaniquement la suite de leur cursus. Les méthodes d’évaluation sont très formelles et portent essentiellement sur des acquisitions de connaissances génériques. Si la personnalité de l’élève doit être prise en compte dans la vie quotidienne, elle passe au second plan dans l’évaluation qui conditionne son avenir. Dans l’entreprise, on mesure le mérite à l’adéquation de l’employé au poste qu’il occupe. Dans le meilleur des cas, on tient compte de sa personnalité pour lui en trouver un meilleur, c’est-à-dire un plus profitable pour l’entreprise. Des deux côtés, j’ai l’impression qu’on se cantonne à des évaluations individuelles, plus facile à décrire sur des tableaux de critères. Mais qu’en est-il de ce qu’on peut appeler le mérite sociétal ? J’entends par là le talent de chacun à s’intégrer à une vie collective, à se consacrer à sa mission au-delà de savoirs tech-niques plus mesurables, en un mot, à son engagement ? Qu’en est-il de la loyauté, du respect des autres, de la serviabilité, du dépassement de soi, toutes qualité foncières relevant plus du ressenti que de mesures arithmétiques ? Dans tous les systèmes mis en place actuellement, comment prendre en compte le mérite insigne de la personne qui se donne à fond à sa mission quel que soit son impact réel sur l’objectif à atteindre ? Je m’explique : si le mérite technique d’un ingénieur remplissant son rôle peut paraitre supérieur à celui du balayeur, qu’en est-il du mérite vécu si le premier agit sans forcer son talent alors que le second, moins favorisé par la nature, se surpasse chaque jour ? L’évaluation du mérite ne doit pas se limiter à ce qui est directement mesurable, bien que ce soit la norme. Toute organisation humaine a besoin de technicité, mais aussi d’engagement, elle ne fonctionne que si l’un renforce l’autre. Or mesurer l’engagement est une gageure : il ne rentre pas dans les petites cases toutes prêtes censées définir aujourd’hui tout individu. Il relève du ressenti collectif du groupe dans lequel la personne évolue. Sa mesure, qui ne peut se satisfaire du fait d’une seule personne, surtout si c’est un supérieur hiérarchique lui aussi soumis à évaluation, ne peut être que collective… Pourtant, je suis persuadé que c’est un passage obligé pour apaiser les relations de travail en entreprise, mais surtout, à l’école, pour ouvrir aux enfants d’autres perspectives d’épanouissement individuel et collectif que la course à la bonne note ou au diplôme. Alors, retroussons nos manches pour construire la meilleure approche possible de ce mérite à large spectre, moins mécanique et plus équitable afin de permettre à chacun de faire va-loir aspirations, aptitudes et engagement. |
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