L’univers cinématographique est miroir du notre. Cinéphile tous-terrains, je m’intéresse aux sorties de films dans l’espoir d’en dénicher quelques-uns suffisamment intrigants pour me pousser à filer jusqu’à la plus proche salle obscure !
Le cinéphile, avec son esprit collectionneur, ne peut s’empêcher de regrouper les films en divers genres, par exemple drame, western, guerre, science-fiction, super-héros, réalistes, etc. Mais cela ne suffit pas à sa peine : parmi tous ces genres, on peut distinguer de nombreux angles d’approche : sentimental, espionnage, initiatique, édifiant, etc.
L’un d’entre eux est en train de prendre de l’ampleur : le feel good movie !
En bon gaulois, un film dont on sort ragaillardi, regonflé, content. Avant de se rendre compte que la réalité étant ce qu’elle est …
Cette tendance se répand et je ne compte plus les films contant la victorieuse course au bonheur d’anti-héros marqués par les épreuves dans des mondes sans pitié mais qui parviennent cependant à s’en accommoder au bout de péripéties épuisantes grâce à la solidarité, la bienveillance, la fraternité d’un entourage aussi éreinté qu’eux et même, parfois, du coup de pouce du dieu qui passe dans la région.
Nous avons tous un goût profond pour les histoires qui finissent bien. Nous avons été bien formés par Perrault, Andersen, etc., grands précurseurs avec leurs feel good stories, pardon, leurs contes ! Rien de nouveau sous le soleil, mais tout de même, l’accélération actuelle de la chose, au-delà des innombrables productions destinées aux enfants, m’interpelle un peu.
Nous les adultes, vivants dans un monde de plus en plus impitoyable et dont nous avons perdu le contrôle, avons besoin de contes pour nous rassurer sur notre capacité à le supporter.
Le gros problème est qu’il n’est nulle part question de le changer, ce monde. On fait avec, on s’y adapte alors qu’on sait tous confusément qu’il aura notre peau à la longue !
Encore plus pervers à mon sens, la description souvent terrible du contexte de déroulement de l’action, réaliste, sombre, sans issue, de personnages complètement paumés et sans espoir qui ne devrons leur salut qu’au génie d’un scénario aux petits oignons, alors que l’industrie qui va produire le film est un pur produit du libéralisme le plus sauvage capable ici avec une hypocrisie sans fond, de mettre en scène sans vergogne les dégâts qu’il occasionne dans le double but d’en tirer un maximum des poches de ceux auxquels ils mentent effrontément et ainsi de les endormir pour qu’ils continuent à se faire tondre en rêvant à des jours meilleurs.
C’est vraiment dégueulasse mais coutumier d’un système économique extrémiste tout entier dédié à la cupidité et qui n’a que faire des gens et du monde où ils vivent,
Aujourd’hui, les contes ne servent plus seulement à édifier et rassurer les enfants, mais aussi dans leur forme contemporaine, à endormir leurs parents.