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Source : CNIL

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SUJET : Tourisme de masse

Tourisme de masse 01 Nov 2019 15:04 #1985

Ces derniers mois, plusieurs entités emblématiques du tourisme de masse ont fait défaut, que ce soient des agences de voyages ou des compagnies aériennes à bas coût.
Cela ne signifie pas pour autant sa fin mais reflète plutôt son uberisation.
On ne peut pas nier notre goût pour les voyages et la découvertes d’autres lieux, d’autres gens, c’est même une des grandes caractéristiques de l’humanité.
Cette façon de voyager sans autre but que de découvrir autrui est née au XIXe siècle dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, ne concernant au début que les classes les plus aisées disposant à cet effet des moyens et du temps.
Augmentation des niveaux de vie et des avantages sociaux aidant, de plus en plus de gens ont pu se permettre d’imiter les plus favorisés à tel point que s’est ouvert un marché aux immenses perspectives de développement attirant depuis les années 80 des convoitises exacerbées par un esprit néolibéral envahissant.
S’en est suivie une explosion du tourisme devenu de masse grâce à une concurrence acharnée tirant le marché vers le bas, la qualité des offres laissant place à la quantité aidée en cela par une course au gigantisme des moyens.
On a vu ainsi apparaitre des quantités croissantes d’hôtels immenses, de villages de vacances tentaculaires, d’avions gros porteurs produits comme des petits pains, des paquebots colossaux, véritables Las Vegas flottants, le tout pompant des poches d’une clientèle essorée par des offres multiples, un flot de richesse destinée à gaver les dividendes des petits malins qui avaient flairé la bonne opération au bon moment.
Les défaillances récentes ne sont que le fruit de cette course au profit qui met à mal ceux qui ne se conforment pas aux exigences évolutives du marché.
Mais ce ne sont pas les seuls dégâts occasionnés par le tourisme de masse.
Pensons à ceux qui vivent dans les zones les plus attractives. Ils sont envahis par des hordes de gens qui bien sûr, leur assurent un travail et un certain niveau de vie, système dixit, mais est-ce bien vrai ? Ne sont-ils pas plutôt victimes d’une pression constante sur leurs salaires, leurs conditions de travail, leur mode de vie qui se dilue dans une soupe universalisée de bas étage, leur cadre de vie réduit à ce qu’ils peuvent à peine conserver de leur territoire vu la fièvre immobilière induite ? Que peuvent-ils bien tirer de la confrontation avec des milliers de personnes qui ne font que passer en les regardant à peine ?
Pensons à ceux qui profitent de ces voyages à bas coût, qui ne voient rien des pays qu’ils visitent pas plus que de ceux qui les peuplent à part tous ces gens de services qui leur donnent l’impression qu’ils ont pour un temps quitté leur condition pour jouer les riches face à plus misérables qu’eux. Le buzz permanent les presse d’aller « faire » tel ou tel pays ! Faire au sens où ils fabriquent eux-mêmes la vision tronquée des contrées écumées au pas de charge de la horde aveugle aiguillonnée par de gentils organisateurs et leurs plannings implacables.
Et tout cela dans une immense débauche d’énergie et de moyens encore aggravée par l’arrivée gourmande de tous ceux qui étaient encore il y a peu, privés des mêmes avantages et qui viennent à présent nous visiter aussi comme nous le faisions en sens unique il y a peu.
Alors quoi ? Comment pourrions-nous revenir à un tourisme humain mais plus exigeant, plus couteux, sans provoquer l’immense frustration de ceux qui ont gouté à un fruit jusque-là défendu et qui le redevient ? Pire encore, comment ceux qui se gavent de ce commerce pourraient-ils y renoncer sans contraintes pour les simples beaux yeux de la planète, notion bien trop abstraite vue de la case du bas des business plans érigés en divinités tutélaires de la pensées néolibérale ?
En ceci comme en bien d’autres domaines, nous sommes engagés dans d’immenses tunnels bien peu favorables à un demi-tour salvateur, conséquence incertaine d’une bien tardive prise de conscience salvatrice.
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