Sujet casse-gueule s’il en est.
Pour commencer, de quoi parle-t-on ? Un petit tour sur Wikipédia s’impose à minima, où l’on constate que la notion de djihad est interprétable à l’infini suivant les obédiences, les lieux, les moments et les gens. C’est un combat dont la violence peut être l’un des moyens, suivant de multiples approches.
Certains ont justement fait ce choix et sont devenus ce qu’on appelle des djihadistes. Ce terme désigne en fait principalement des salafistes ayant opté pour l’action violente sans limites dans la perspective du triomphe de l’Islam. Leur idéologie jalouse est d’une rigidité niant tout libre-arbitre, toute pensée humaniste, dispense mort et jugements, pousse aux actes sans retenue en promettant un paradis du même tonneau !
Certains de nos concitoyens ont cédés à de telles sirènes, pour des raisons à la fois sociétales et personnelles sur lesquelles il est d’ailleurs urgent de s’appesantir un peu plus. Ils sont passés aux actes quelque fois sur le territoire national, le plus souvent hors frontières et en terre musulmane, commettant chaque fois le pire à nos yeux, leur devoir aux leurs.
Ils revendiquent tous avoir fait allégeance à l’organisation de leur choix, essentiellement l’État Islamique qui s’autoproclame l’unique alternative à tous les autres états.
Le brouillard de la guerre étant ce qu’il est, que peuvent devenir ceux qui ne se sont pas fait tuer et qui ont été capturés sur place ?
Parmi les états du monde, aucun n’est pressé de les récupérer, c’est le moins qu’on puisse dire.
Alors, que faut-il en penser ?
Pour y voir un peu plus clair, peut-être faut-il s’intéresser à cette notion d’allégeance. Allons donc faire un tour sur le site web du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (C.N.R.T.L.).
Les principaux synonymes en sont : dépendance, obéissance, soumission, servitude, subordination, mais aussi : nationalité, vassalité.
Tous ces termes renvoient à une situation de perte volontaire de libre-arbitre au profit d’une autorité supérieure et jalouse. Il n’est pas question ici de double allégeance, on quitte la précédente pour adopter la suivante, sans compromis ni esprit de retour.
A ce titre donc, si, bien que d’origine française, anglaise, etc. on fait allégeance à l’État Islamique, on ne relève plus que de lui.
Par conséquent, comme état, il lui appartiendrait de défendre ses « citoyens » ayant miraculeusement survécu à ce qu’il leur impose et qui seraient tombés vivants aux mains de ses ennemis. D’autre part, les états d’origine de ces combattants ayant été rejetés et reniés, il appartient aux états dans lesquels ils ont commis leurs actes de les juger.
En prêtant allégeance, on assume tout ce qu’on peut faire de bien ou de mal au nom du suzerain et s’il y a jugement, la chose doit se tenir entre le suzerain et ses victimes. Même si comme ici, le suzerain n’a que faire de ses vassaux dont le destin est le dernier des soucis.
Vu du côté des victimes, la polémique entretenue autour des djihadistes capturés à l’issue des combats qu’ils ont initié afin qu’ils soient jugés dans leurs pays d’origine est indécente : dans le prétoire doivent se côtoyer victimes et assassins, tous soumis aux lois du pays où ont été commis les crimes.
Un dépaysement serait faire injure aux victimes et à la souveraineté de leur état qui pourrait aussi bien attaquer l’état d’origine pour avoir laissé dériver et filer ceux qui sont jugés.
Une société, la nôtre comme les autres, doit protéger ses membres qui en retour ont le devoir d’agir pour assurer sa pérennité. Ceux qui la quittent relèvent de celle qu’ils rejoignent, même si cela tourne mal. C’est dur, certainement, mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.