Mon gout pour la marche à pied –fantassin un jour, fantassin toujours- m’amène souvent à parcourir les rues de cette bonne ville de Lyon, mais pas seulement. Ces dernières semaines, j’ai eu la chance de parcourir celles de Londres et Paris. A deux qui plus est, pour quadrupler le regard.
Ces deux grandes villes sont bien différentes de la nôtre, plus petite et plus provinciale, moins étendue et aux frontières plus nettes avec la campagne environnante.
A Lyon, pourtant ville commerçante, les magasins sont bien moins nombreux qu’à Paris ou Londres. Peut-être parce qu’il est facile à ses habitants de filer s’encanailler dans les grandes surfaces en périphérie, alors que ce n’est pas une sinécure dans les capitales trop immenses et hostiles à la bagnole. Ce n’est qu’une impression, je ne suis pas urbaniste …
Le fait de se déplacer à pied à hauteur d’homme, lentement, permet d’observer la vie du lieu traversé, les gens, les choses, les comportements, etc.
Renforçant le constat fait à Lyon depuis un bon moment, et comme il faut dire les choses au risque de se faire engueuler pour manquement au politiquement correct, on peut affirmer que la population est plus que bigarrée ! Encore plus dans les deux villes monde ! Ce n’est pas cependant le plus étonnant.
En observant les magasins très nombreux et très divers, les innombrables restaurants, on s’aperçoit vite que le personnel est en majorité d’origine étrangère. On le voit aussi dans les hôtels, les musées, les transports en commun. Et en plus charmants.
Au bout de quelques jours d’exploration, on en arrive à se demander où sont passés les gaulois (ou les anglois) ! Bien sûr, il y en a, nous en avons vu beaucoup dans la City et à la Défense, surtout dans le « bouffe-vite » sur le coup de midi, et aussi à Lyon au pied de la Tour de la Part-Dieu lorsqu’il fait beau !
Étonnant, non ! Serait-ce ce grand remplacement qui terrorise tant de gens par ici et que certains de nos politiciens agitent en épouvantail pour gratter des suffrages ? Il est vrai qu’au premier degré …
Je ne crois pas une seconde à ce genre de théorie complotiste. Ce qui n’empêche pas de chercher à comprendre comment on en est arrivé là.
La première idée est que tous ces métiers du commerce et de l’accueil sont si mal payés que personne n’en veut sauf les derniers arrivés. Pourquoi pas.
Peut-être aussi que la manière d’embaucher les gens fait que les étrangers ne sont pas trop choisis et qu’ils se retrouvent concentrés dans les secteurs d’activité en déficit chronique de main d’œuvre, quels que soient leurs talents. Pourquoi pas.
Cela vient peut-être de l’éducation donnée aux jeunes : les familles et le système éducatifs ont une telle ambition pour eux que seuls sont visés les sommets de pyramides. Les parents et les enseignants sont peut-être si formatés et depuis si longtemps, que tout métier à mains dans le cambouis n’est même pas envisageable ! Pourquoi pas.
Et aussi que l’exigence de droits est telle que toutes les activités sortant des 35 heures ou d’une sécurité de cocon ne font plus florès. Pourquoi pas.
Ou que les gaulois –et les anglois- n’ont plus envie de travailler. Non, ça c’est impossible.
Alors quoi ?
Nous n’avons pourtant pas rêvé. Et cela ne rejoint-il pas d’autres préoccupations dont j’ai fait état par ailleurs au sujet des entreprises qui ne trouvent personne pour des postes bien payés mais sortant certainement des canons du moment.
Ne sommes-nous pas là confrontés à une maladie de riches qui, individualisme aidant, tend à faire de nous des dilettantes permanents peu enclins à s’engager pour les autres, et, n’étant pas à une contradiction près, exigeant de la société tous les services et conforts possibles délivrés par qui veut bien s’y mettre, pourvu que cela ne soit pas nous !
Les gaulois –et les anglois- seraient-ils restés des enfants-rois aux desseins incertains, immatures et insatisfaits, soupe au lait et tyrans sociaux ?
Bon sang, pourvu que nos extrémistes adeptes du grand remplacement ne prennent pas le pouvoir et virent tous les étrangers qui viennent manger notre pain : il faudrait se remettre au boulot une bonne fois, même dans les endroits où ça pue, où ça fait du bruit, où on se fatigue …