Je ne me souviens plus vraiment comment on nous avait présenté la métropolisation. Certainement comme le parangon de l’urbanisation du XXIe siècle, de la ville qui dit papa maman, du lieu où tout un chacun trouve tout ce qu’il désire …
Nous aurions dû nous méfier de cette propagande néolibérale qui habille de mots enchanteurs les catastrophes qu’elle cause.
Nous ne pouvons aujourd’hui que constater les effets délétères de ce choix spatial qui influe tant sur la société. Et regretter amèrement qu’on enseigne aussi mal la géographie à l’école.
Dans notre pays et partout ailleurs dans le monde suivant les mêmes schémas, les grandes villes génèrent une attraction de trou noir sur tout leur voisinage, le vidant de tout le sel de sa vie.
Elles aspirent les meilleurs boulots, les meilleurs spectacles, les meilleurs restaurants, les lieux de pouvoir et j’en passe ! Mais elles rejettent ceux qui ne sont pas conformes à la doxa libérale, ceux qui travaillent dans les usines en même temps qu’elles, entre autres.
Ainsi, les territoires entre les métropoles sont petit à petit asséchés de tout attrait au point que personne ne veut plus aller s’y enterrer, entrainant l’évaporation des services publics, des compétences, des jeunes, des activités culturelles, etc.
J’enfonce des portes ouvertes, tout le monde le sait, c’est inéluctable !
Alors, on continue ? Et bientôt on passera d’une métropole à l’autre en traversant un no man’s land fait de champs en friches (au train où disparaissent les agriculteurs !) et de villages fantômes peuplés de vieillards trop pauvres pour aller vivre en ville !
Si vous ne me croyez pas, allez vous balader dans certains départements que je ne citerai pas mais que tout le monde connait pour les désigner souvent comme le trou … enfin bref. Enorme injustice pour des lieux victimes souvent de géographies et climats ingrats mais offrant souvent une qualité de vie oubliée de ceux qui vivent dans un paradis citadin autoproclamé.
Bizarrement, la libéralisation du transport individuel aurait dû ouvrir ces territoires mais l’inverse s’est produit, un pompage en sens unique favorisé par la bagnolisation effrénée de l’espace urbain qui a de plus participé à morceler, à atomiser la société en microcosmes de la taille des habitacles.
Que faire pour revenir à la campagne ? Que faire pour renverser les valeurs du mode de vie dominant au moment où un mouvement anti-bagnole s’amplifie chez les plus jeunes férus de vélos et trottinettes et qui de fait, n’envisagent pas une seconde d’aller vivre à un endroit où le moindre déplacement sans un moyen mécanique adéquat est une réminiscence de l’ère préindustrielle ?
Nous devons réfléchir à rendre de nouveau attrayants ces territoires abandonnés par une volonté politique, d’y favoriser l’installation de transports en communs dignes de ce nom, de lieux de culture polyvalents, de lieux de vie collective, de services publics décentralisés, de travail bien sûr !
En cherchant bien, il est possible de dénicher de petites villes loin de tout offrant tout cela : c’est souvent lié aux choix des élus locaux qui ont osé mettre un pas de côté et quitté le sentier imposé en inventant un autre possible. Réfléchissez, vous en connaissez aussi.
Mais on ne peut pas réformer une société toute entière sur des initiatives locales, sans l’adhésion de la population et de ses élus. Encore faut-il faire entendre un discours à l’inverse du formatage qui nous pousse à nous entasser dans les villes pour y vivre mal sans nous parler en jouissant d’une multitude de services et de possibilités que nous imaginons à tort accessibles à tous en oubliant à quel point ils ne sont pas indispensables.