Une immense contradiction est petit à petit apparue entre le monde économique libéral et celui de la recherche scientifique.
Elle est fondée sur une opposition à 180° de leurs buts de guerre !
L’un recherche le profit immédiat et la minimisation des coûts humains au profit des dividendes.
L’autre, aux objectifs lointains et généraux, quand ils ne sont tout bonnement pas imaginés en cas de découverte inattendue, est aux mains de personnes aux compétences issues de formations longues et couteuses, ne garantissant pas pour autant un retour sur cet investissement …
La finalité de l’un est la recherche du profit pour certains, celle de l’autre le profit de la recherche pour tous.
On se dit naïvement que les richesses de l’un peuvent facilement nourrir le travail de l’autre. Cela parait évident sauf que la nature de l’un conduit l’autre, éternellement à la recherche de financements, à se concentrer uniquement sur des travaux et des découvertes menant à plus de profit.
Sous l’Ancien Régime, les savants vivaient des rentes versées par les puissants du moment qui voyaient dans cette générosité moyen d’abonder leur propre gloire.
Puis les états, dans un grand élan progressiste, ont pris le relai dans l’intérêt général de leurs citoyens.
Aujourd’hui, pour des raisons idéologiques, les états ont de moins en moins de moyens à consacrer aux services publics et privilégient le plus souvent les secteurs servant à court terme les électeurs et surtout la réélection des élus. Ainsi, en offrant d’immenses moyens aux chercheurs orphelins de crédits, les puissances économiques infléchissent petit à petit les travaux des chercheurs de l’intérêt général vers leurs intérêts particuliers en veillant toutefois à ce que certains travaux fondamentaux progressent toujours, en arbres qui cachent la forêt.
Si vous vous intéressez à l’histoire des sciences, peut-être avez-vous remarqué la pauvreté des derniers quarante ans en matière de grandes découvertes : cherchez bien ! Internet ? Pas une découverte, mais un développement des sciences de l’information supporté par l’application de grandes découvertes précédentes : relativité restreinte et générale, mécanique quantique, mathématiques, etc.
Tout ce qu’on nous vend à grand renfort de communication et de marketing n’est qu’une évolution de concepts découverts dans le passé.
Avec des instruments colossaux, on vient de mettre en évidence les ondes gravitationnelles prédites par Albert Einstein en 1915 ! Instruments hors de prix (l’industrie s’est frotté les mains !) basés sur des principes scientifiques connus depuis longtemps qu’il suffisait de relier et de coordonner avec une grosse dose d’intelligence.
Les institutions éducatives forment d’innombrables scientifiques de hauts niveaux recrutés en proportion de plus en plus importantes par des multinationales de toutes sortes en vue de participer à la croissance permanente de leur mainmise sur la société. Et avec effet immédiat s’il vous plait.
Imaginez seulement ce que pourraient faire tous ces savants s’ils n’étaient pas conduits par la nécessité à servir ces objectifs hégémoniques, si les fortunes ainsi dépensées étaient plutôt affectées à la connaissance du monde et au bien de tous !
Imaginez ce qui se passerait si les colossaux budgets consacrés à convaincre le citoyen de devenir un consommateur décervelé arrivaient dans les laboratoires …
Mais cela n’arrivera pas, les puissants ne lâcheront rien, convaincus ainsi de vaincre leur propre mort, abandonnant le culte du court-terme pour celui de l’éternité, la leur bien sûr. Alors, l’intérêt général, hein ….