Le mythe Start-up est toujours bien vivace malgré quelques coups de canif récents. Mais je ne suis toujours pas convaincu. Déjà, « start-up » !? Jeune pousse, jeune entreprise ? Initialement, ce terme signifie « démarrage ».
Démarrage, cela veut tout dire, en particulier en matière de création d’entreprise.
Au départ, toutes les entreprises traversent une période fondatrice plutôt exigeante pour ceux qui la créent, rien de bien nouveau sauf qu’en start-up, tout le monde trinque, y compris les simples salariés qui gobent la chose à coup de convivialité artificielle.
Regardons de plus près ce que recouvre la notion de start-up et comment cela peut évoluer :
- La structure est horizontale, tout le monde se parle, se sent au même niveau : une prise de décision démocratique est possible si tout le monde est actionnaire, sinon, elle reviendra forcément à ceux qui le sont et seulement eux !
- La convivialité est de mise, pas question de déroger aux apéros et à un mode de vie quasi familial : excellent quand tout va bien, que la pente est ascendante, mais qu’en est-il lorsque les choses deviennent plus âpres, que les difficultés s’accumulent ?
- On ne crée une start-up que dans des domaines innovants et porteurs de promesses, demandant un certain temps de maturation : cette approche ne serait donc pas ouverte aux métiers et services déjà connus et qui ne font plus rêver depuis longtemps !
- L’objectif premier est de trouver des investisseurs dont les fonds permettront le développement de l’entreprise : et qui mettrons une pression folle pour récupérer un maximum de dividendes en un minimum de temps, comme partout !
– Tous ceux qui participent à sa vie sont motivés et peu regardant sur leur temps et leur disponibilité : excellente solution pour contourner les lois sociales et du travail !
– On cherche à recruter les meilleurs des meilleurs et quand on les trouve, ils doivent être adoubés par le personnel en place, pas seulement par les leaders : système hypocrite et élitiste ne laissant aucune place à ceux qui n’ont pas la chance ou le talent de pouvoir se distinguer pas plus qu’à ceux qui ne sont pas prêts à marcher sur les autres pour parvenir à leurs fins.
Les start-up sont un pur produit de l’idéologie libérale qui cherche sans cesse à contourner lois et règlements, à maximiser les profits dans les plus brefs délais. Celles qui ont réussi sont emblématiques et écrasent tout sur leur passage. Et deviennent des multinationales omnipotentes prospérant malgré de multiples dérives financières, fiscales, sociales et humaines. Merci pour l’idéal de départ chanté en connaissance de cause par nombres de rabatteurs vendus au système.
Et cela marche aussi à cause de tous ceux qui veulent échapper à un monde du travail repoussant en consacrant leur énergie à des projets brillants et valorisant dont ils rêvent sans penser un instant à mal ni imaginer à quel point les meilleures intentions peuvent cacher les pires desseins.
Encore une fois, vouloir se tirer d’affaire en jouant seul n’est pas viable au sein d’un rapport de force si déséquilibré : encore une fois, point de salut sans un retour de tous les citoyens dans la vie de la cité.