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SUJET : Le marché du travail

Le marché du travail 07 Jui 2017 14:30 #1757

Étrange expression du jargon propre à notre système capitaliste : le marché du travail.
Le travail est donc une marchandise qui s’échange sur un marché de libre concurrence. Enfin, c’est ce que je comprends. Elle est donc bien appropriée au contexte puisqu’il a pour origine le temps comme seule richesse possédée par celui qui n’a que cela à échanger.
Dans ce contexte, le marché est faussé car les partenaires ne sont pas égaux.
L’idéologie libérale veut nous faire croire à un grand marché libre entre individus libres ! Vaste fumisterie car en matière de liberté, certains sont plus égaux que d’autres. Que dire de la liberté du choix (tiens, c’est justement le titre d’un bouquin de Milton Friedman, une des bibles du libéralisme sauvage !) : pour les uns, il s’agit de choisir ce qui permettra de capter le plus de richesses le plus vite possible, pour les autres, il s’agit de plier l’échine pour être choisi et ainsi pour un temps, gagner de quoi survivre, avant le choix suivant !
Mais est-ce une fatalité ? Comment échapper à sa propre marchandisation comme travailleur (de quelque nature que ce soit) ?
C’est impossible si on reste au niveau de l’individu. Il est le dernier de la chaine, dos au mur, il ne peut plus passer la patate chaude à qui que ce soit.
Par contre, on peut imaginer une société dont les règles pourraient exonérer ses membres de cette dépendance à vivre au bon vouloir de certains. Il est indispensable de se placer à ce niveau pour dégager la solution garantissant les intérêts de chaque parti. La solution à la quadrature du cercle.
(On se réfèrera pour enfoncer le clou à la fin du chapitre X du livre I du Capital de Karl Marx !)
La société peut toujours plus que ne peut la somme des individus qui la compose. Seule la société, si toutefois elle est assez forte et cohérente, peut s’interposer entre ceux qui possèdent et ceux qui travaillent et équilibrer le rapport de force.
C’est pourquoi, dans ce doute, la lutte contre le capitalisme ne peut pas se situer dans une quelconque régulation toujours fonction du poids de la société, mais doit s’attaquer à son ressort intime, la production de plus-value au sein d’un rapport de force à sens unique. Reste à savoir comment ! Donc, tous à nos neurones !

Daniel Méjean
Hors ligne

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Le marché du travail 07 Jui 2017 17:16 #1758

Oui, certes, mais qu'est-ce que cette société ? Présentée ainsi, elle a l'air d'une espèce d'entité flottante et transcendante qui préexisterait et prédéterminerait les individus. Bien sûr, je ne remets pas en cause le déterminisme social et le fait que les individus se construisent à partir d'une réalité socio-culturelle qui les précède, ne serait-ce que chronologiquement parlant. Toutefois, je m'interroge quant au fait d'abttribuer des verbes d'action, de penser, voire-même d'état à la société. Cette "société", je la conçois comme un processus plastique et changeant bien qu'elle puisse être qualifiée. Cette société, je la vois néanmoins constituer un tout qui dépasse les parties qui la composent. Mais toute sa problématicité réside dans la nature de ce dépassement. Selon moi, la société ne doit pas être un état figé et sclérosant. Selon moi, la société doit savoir se faire lieu de la convergence des luttes et autel de la multiplicité et de la diversité. J'ai conscience que j'énonce de grandes vérités prescriptives et, même si cela me coûte, peut-être en avons-nous besoin pour construire un projet commun.

Je suis par ailleurs tout à fait en accord avec les interrogations et critiques de Daniel sur la marchandise travail. Merci de les avoir formaliser de la sorte.