Observons le plus objectivement possible (!) l’évolution de la défense de notre pays. On s’interroge rapidement, sans avoir besoin d’être un spécialiste, sur un certain nombre de choses stupéfiantes :
1- Concernant un monde peu enclin à descendre dans la rue pour râler, elle subit de nos politiciens empêtrés dans l’immédiat d’incessantes coupes budgétaires qui poussent les forces à des acrobaties invraisemblables au détriment souvent de la sécurité et de l’efficience de ses acteurs.
2- Que faut-il penser de la sous-évaluation systématique du coût des opérations extérieures plus que récurrentes et qui sont financées suivant les grands principes du §1 ! Absence de vision politique à long terme, religion de l’improvisation sous contrainte médiatique ?
3- La suspension du service militaire et la disparition des forces de réserves induites posent aujourd’hui d’énormes problèmes. Le mythe de la fin de l’histoire et des dividendes de la paix a occulté l’évolution de la menace qui de militaire identifiée, a évoluée vers un mélange socioreligieux mondialisé sans points d’application définis clairement. Comme toujours en matière de défense, il s’agit de tenir le terrain. Or le terrain, ici et ailleurs, a été tellement abandonné par la république, dans tous les domaines, qu’aujourd’hui sa reconquête nécessite une détermination sans failles et des moyens colossaux répartis au long d’un effort pluri-décennal. Ce dont nous ne disposons pas dans le paradigme du moment.
4- Comment un ministère disposant de 260 000 personnes a-t-il tant de mal à déployer 7 000 soldats sur le territoire national, 7 000 en OPEX et 11000 prépositionnés ou en en forces de souveraineté ? Le ratio opérationnel/soutien mesurant l’efficience, pose problème. A l’évidence.
5- Posons-nous aussi la question du ratio de coût entre le commando terroriste et ceux qui le poursuivent : Nous ne sommes plus face à une menace militaire, mais économique. La réponse n’est plus seulement militaire, mais surtout sociétale.
6- Qui finira par gagner entre une société dont les membres n’ont même plus idée qu’ils pourraient se sacrifier pour elle et des fanatiques déterminés à mourir pour leur cause ? Voir le §5 !
7- Comment justifier la fuite en avant vers le toujours plus technologique hors de prix incohérent à la menace sinon par le jeu de pompe aspirante libéral des capitaux publics vers les intérêts privés ?
8- Comment une société toute entière livrée aux mondes virtuels des réseaux sociaux, des jeux vidéo, des drones, de l’internet, etc. saura rebondir si un jour, tout ceci s’effondre ou à minima est ébranlé par la faute de menaces indéterminées ? Pire, s’il n’y a plus de piles, soudainement, on fait quoi ? Notre puissance ressentie est à la mesure de notre vulnérabilité refoulée ! Le triomphe de la loi de l’autruche.
Cette liste n’est pas exhaustive.
Je n’évoque ici pas seulement les moyens, mais surtout les savoir-faire et les motivations à les mettre en œuvre.
Ce qu’il en ressort, est le devoir collectif de remettre l’ouvrage sur le métier. Et vite !