La bureaucratie est une plaie. Elle coute cher et elle entrave les initiatives. Ainsi, le fonctionnement de l’Éducation nationale rappelle celui de l’Union Soviétique.

Pourtant, la privatisation des services publics a produit des résultats pires encore. La diminution des couts s’est accompagnée d’une dégradation de la qualité des services et d’une inégalité des usagers selon leur appartenance sociale ou l’endroit où ils vivent, et par la détérioration des conditions de travail du personnel, à tel point qu’elle conduit à des suicides.

La démocratisation de notre société pourrait apporter une réponse efficace, tant en ce qui concerne la qualité des services que la maitrise des couts. De quelle façon ?

 

Il s’agit que les décisions soient prises au plus près des usagers — donc, en connaissant bien leurs besoins spécifiques — et que ceux qui les prennent en soient responsables devant les citoyens. Pour être explicites, nous allons prendre l’exemple de l’enseignement primaire, en nous inspirant de ce qui existe en Finlande.

Actuellement, les responsabilités sont enchevêtrées. Les communes sont responsables des locaux, des fournitures et du personnel d’entretien, mais c’est l’État central qui paye les enseignants et qui décide de leur affectation, et ce sont les départements qui gèrent les transports scolaires, d’où cette confusion souvent présentée comme un millefeuille.

Si l’administration a décidé de fermer l’école de votre village, à qui vous adresser ? C’est l’Inspecteur d’académie qui a pris la décision, mais il n’est jamais responsable devant vous. En tant que haut fonctionnaire, il ne rend des comptes qu’au ministre de l’éducation.

Comment sortir de cet imbroglio et de cette irresponsabilité ?

Il suffirait que la quasi-totalité du budget de l’État consacré à l’enseignement primaire soit réparti entre les différentes communes au prorata du nombre d’enfants. Les communes gèreront ce budget comme elles l’entendent : ouvertures et fermetures de classes, recrutement des directeurs — qui, à leur tour, recruteront les enseignants —, construction et entretien des locaux, etc. Elles pourront augmenter les ressources affectées à l’éducation si elles le souhaitent ou en consacrer une part pour autre chose, comme la voirie… Les parents sauront qui est responsable du bon ou du mauvais fonctionnement des écoles. Ils connaitront leurs interlocuteurs et ils pourront valider ou sanctionner leur travail lors des élections. De fait, les élus auront tout intérêt à assurer des conditions matérielles décentes, à recruter des directeurs compétents pour constituer une équipe et organiser une bonne ambiance de travail.

Un tel exemple montre ce que peut être un circuit démocratique court, permettant aux citoyens d’intervenir dans les choix et de corriger les éventuels dysfonctionnements. Il est pris au niveau le plus bas de la chaine. Il est clair que certaines responsabilités incombent sans partage à l’État central, comme la politique étrangère, la monnaie ou la justice ; dans le domaine de l’éducation, les examens et l’essentiel des programmes.

Nous ne nous prononçons pas sur ce qui devrait relever de telle ou telle instance, des départements ou des régions, ni sur le nombre et la taille des communes. Tout cela devra être posé et éclairci, avec comme principe que les citoyens doivent savoir de quoi il retourne et qu’ils puissent enfin devenir des acteurs.

 

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